Le prix de la Banque Centrale de Suède, communément appelé « prix Nobel » d’économie, vient tout récemment d’être attribué à Claudia Goldin pour avoir mis en lumière les « principaux facteurs de différences entre les hommes et les femmes sur le marché du travail ».
L’économie, en tant que discipline, est connue pour son sexisme, à la fois dans son organisation interne et dans sa manière de comprendre et d’influencer le monde. Le métier d’économiste reste à dominance masculine et le champ scientifique invisibilise les contributions des économistes femmes, pourtant nombreuses depuis les travaux fondateurs. Après Elinor Ostrom en 2009 et Esther Duflo en 2019, Claudia Goldin n’est que la troisième femme à remporter cette prestigieuse récompense, sur 93 lauréats depuis la création du prix en 1968.
Primer des travaux focalisés exclusivement sur les inégalités de genre est par ailleurs inédit dans l’histoire de ce prix. De ce point de vue, le prix semble donc plutôt une bonne nouvelle. Les méthodes sur lesquels ils reposent invitent néanmoins à nuancer l’idée.
Courbe en U et travail cupide
À 77 ans, Claudia Goldin est toujours professeure au prestigieux département d’économie de l’Université d’Harvard, où elle est d’ailleurs la première femme à avoir été titularisée, en 1989. Elle a pour particularité de combiner une approche néoclassique de l’économie et une perspective historique. Rendre justice à une œuvre prolifique qui s’étend sur près de cinq décennies est évidemment vain. Donnons simplement un aperçu de deux résultats saillants.
Le premier consiste à avoir modélisé la « courbe en U » de l’emploi féminin en fonction des degrés de « développement » des pays et à proposer une interprétation. Cette courbe montre que l’emploi féminin est élevé dans les économies de subsistance ; il décline lorsque les économies commencent à se…
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Auteur: Isabelle Guérin, Directrice de recherche à l’IRD-Cessma (Université de Paris), affiliée à l’Institut Français de Pondichéry, Institut de recherche pour le développement (IRD)