Fayrouz : la voix/le rêve/l’illusion

Lors de son premier séjour au Liban, au lendemain de la terrible explosion qui a ravagé Beyrouth, Emmanuel Macron avait promis de revenir très prochainement, décidé à prendre sous son aile le pays aux abois. La date du retour était prévisible : le 1er septembre 2020. L’occasion d’emboîter doublement le pas au général Gouraud, en célébrant d’une part le centenaire de la proclamation de l’État du Grand-Liban et en réaffirmant d’autre part le rôle décisif de la France dans les affaires politiques de l’ancien protectorat.

La mise en scène qui allait s’ensuivre était cousue de fil blanc. Accuser le sectarisme tout en rendant hommage à ceux qui en ont injecté le poison, exalter le miracle libanais de cohabitation entre les communautés, qui n’a de miracle que d’avoir survécu aux desseins occidentaux de décomposition de la région sur des bases ethniques et réactionnaires. La fable fondatrice n’est plus opérante, elle ne convainc plus. Quelle surprise néanmoins quand, à quelques jours du retour programmé, l’Élysée annonça l’étape chez Fayrouz.

Le symbole est puissant. C’est que Fayrouz est le nom d’un rêve, ce rêve lointain et persistant que chante à ses côtés Oum Kalthoum. Oui, la voix de Fayrouz est porteuse de l’espoir arabe de libération, d’unité et de paix. On sait le penchant du président français pour le théâtre, nul ne peut nier la belle trouvaille que constitua ce premier acte d’une visite tant attendue.

À la manipulation de l’histoire et du symbole, sans doute fallait-il un romancier pour rétablir le sens. La plume d’Elias Khoury ne s’est pas faite attendre. S’il faut encore le présenter, Elias Khoury est l’auteur d’une dizaine de romans, essayiste, critique littéraire,…

Auteur : redaction
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