Un hôpital parisien. Avril 2020. 22 h 00. Un policier en civil se présente aux urgences pour assister à l’accouchement de sa compagne. À la ceinture, son revolver est porté en évidence. La sage-femme lui rappelle timidement que l’arme n’est pas acceptée à l’hôpital. Sûr de son bon droit, l’homme monte rejoindre sa femme. Jeune et peu rassurée, la blouse blanche n’ose le retenir. Une collègue plus expérimentée se rend dans la salle d’accouchement.
— « Monsieur, vous ne pouvez pas garder votre arme ici, remportez-là chez vous.
— Je n’ai pas de coffre sécurisé à la maison, je dois l’avoir avec moi. Et ça peut vous protéger.
— L’hôpital a déjà une sécurité. Votre arme est plus source d’anxiété que d’apaisement », conclut l’obstétricienne très énervée.
Ce futur papa armé se prend pour un « cow-boy » pense-t-elle. La veille, on lui a déjà signalé que son arme n’était pas la bienvenue, mais l’homme est revenu avec. L’administration et le service de sécurité sont prévenus. Une demi-heure plus tard, une voiture de police arrive à l’hôpital. Les policiers récupèrent l’arme de leur collègue et la ramènent finalement au commissariat. Incident clos.
Doit-on s’habituer à côtoyer des individus armés lorsqu’on on se rend à l’hôpital, à la crèche, en boîte de nuit ou à un spectacle ? C’est ce que laisse présager la récente proposition de la loi « Sécurité globale » – rebaptisée « loi pour un nouveau pacte de sécurité respectueux des libertés » (sic) lors de son passage ce mois-ci au Sénat. Son article 25 prévoit que les forces de l’ordre hors service puissent pénétrer armées dans les établissements recevant du public (ERP) sans s’en voir refuser l’accès : « Le fait pour un fonctionnaire de la police nationale ou un militaire de la gendarmerie nationale de porter son arme hors service dans des conditions définies par décret en Conseil d’État ne peut lui être opposé lors de l’accès à un établissement recevant du public », dit le texte. Le projet de loi devrait être discuté en « commission mixte paritaire », réunissant députés et sénateurs censés se mettre d’accord sur un texte commun, à partir du 29 mars.
« Un des agents de sécurité d’un de mes établissements a reçu une balle, tirée par un policier qui était hors service »
L’un des rapporteurs du texte, le député LREM Jean-Michel Fauvergue, justifie la mesure par le massacre perpétré au Bataclan, où cet ancien chef du…
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Auteur: Ludovic Simbille, Pierre Bonnevalle