Lorsque Nathalie, cadre dans une grande banque de la place parisienne, interpelle son chef au sujet de l’existence d’une comptabilité parallèle destinée à organiser un vaste système d’évasion fiscale, elle n’imaginait pas comment ce dernier la renverrait dans ses cordes :
« Il m’a demandé si je faisais une crise de jalousie car l’une des collègues qui participaient à la fraude était une femme. »
Dans un article publié récemment dans la revue Organization Studies, nous montrons comment les femmes lanceuses d’alerte ne sont pas immunes contre des représailles dans lesquelles leur genre devient une arme utilisée contre elles. Elles se retrouvent exclues par deux fois : en tant que lanceuses d’alerte et en tant que femmes. Dans ces situations, leur genre féminin leur est renvoyé comme un aspect qui teinte négativement leur analyse de la situation et dégrade leur expertise ; autrement dit, un moyen de décrédibilisation.
Une forme d’anomalie
Au sommet d’une organisation, et notamment dans les secteurs financiers que nous étudions, les femmes sont déjà une minorité. Dans les situations de crise comme celles induites par une alerte éthique, elles apparaissent comme une forme d’anomalie et leur marginalité de genre se retourne alors contre elle.
Dans un autre entretien, une responsable des risques liés aux portefeuilles assurantielles d’une des plus grandes banques françaises évoque la période de tension liée à son alerte concernant la sous-évaluation systématique des risques portés par des contreparties, ce qui avait pour but de faciliter l’octroi de prêts plus risqués, et donc plus rémunérateurs pour la banque. Elle raconte que son chef a cherché à lui « faire peur » :
« Il pensait que Madame Untel, avec ses quatre enfants, allait vite rentrer à la maison ».
Dans la perception de la répondante, la situation d’alerte et la résistance que lui oppose l’organisation…
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Auteur: Mahaut Fanchini, Maîtresse de conférences en sciences de gestion, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)