Femmes et genre en Irak. Un extrait du livre de Zahra Ali

Dans Femmes et genre en Irak (Ed. Syllepse, 2022), la sociologue Zahra Ali rend compte de la situation des femmes et du féminisme dans un pays blessé par des années de guerre. A partir d’une enquête au long cours menée dans la décennie 2010, elle s’appuie sur d’importantes données ethnographiques pour donner à voir la chute d’un pays qui était l’un des plus développés du Moyen Orient, et est désormais un territoire fragmenté, contrôlé par des hommes en armes, empreint d’une violence permanente.

Cette situation pèse particulièrement sur les femmes, mais ces dernières ne sont pas de simples victimes. Elles constituent en effet un acteur majeur de la survie de la société irakienne. Envisager la situation des femmes et les perspectives féministes irakiennes, c’est pour Zahra Ali s’éloigner de toute approche culturaliste qui ne verrait le réel qu’à travers le poids de l’Islam pesant sur les populations. A travers une analyse féministe postcoloniale et transnationale de l’histoire socio-politique contemporaine de l’Irak, Zahra propose là une contribution majeure aux débats féministes contemporains.

L’Irak post-invasion : violence confessionnelle, conservatisme et nouveau régime

Violence confessionnelle, conservatisme, faiblesse et dysfonctionnement du nouvel État

L’invasion a mis fin aux sanctions économiques des Nations unies ce qui a eu un impact considérable sur le revenu moyen des Irakien·nes. Pourtant, la poussée vers la libéralisation économique, la privatisation généralisée et les investissements étrangers (J. Ismael et T. Ismael, 2015), surtout en faveur des intérêts économiques américains, caractérise le contexte post-2003. Bremer estime que l’Irak reste un État rentier, mais la détérioration des gisements de pétrole pendant la guerre, en plus des politiques de l’OPEP, a fait qu’il a fallu un certain temps pour pouvoir tirer pleinement profit des recettes pétrolières (Bayt al-Hikma, 2009). Pour que l’Irak surmonte l’impact dramatique de l’embargo et des guerres sur ses infrastructures, son éducation, sa santé et ses services publics, un plan de reconstruction et de développement bien géré était nécessaire. Il n’avait cependant pas encore été lancé en raison des manques de l’administration et de la corruption institutionnalisée[1] de l’élite politique[2]. Considéré comme le plus grand scandale de corruption de l’histoire, l’argent pour la « reconstruction », octroyé par les États-Unis et les programmes des Nations unies…

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Auteur: redaction