Femmes exilées en Turquie, elles apprennent l'électricité solaire

Izmir (Turquie), reportage

Elles sont cinq, ce matin, à démarrer l’initiation à l’électricité dispensée par l’ONG Imece. Cinq Africaines ayant fui les conflits dans leur pays. Arrivées à Istanbul avec un visa de tourisme valable 15 jours, elles sont aujourd’hui sans papiers et sans aucune ressource.

Anelka, petite trentaine et un emploi d’esthéticienne à Kinshasa (République Démocratique du Congo), a quitté en catastrophe son pays, laissant là-bas ses deux jeunes enfants. Hébergée chez sa sœur à Izmir, elle est là pour apprendre un métier et retrouver « une vie comme tout le monde ».

Mine, la formatrice, apprend à bien utiliser le fer à souder. © Florence Quille / Reporterre

Maria, elle, était infirmière à l’hôpital. « J’avais une belle vie là-bas, avec mes trois enfants », confie-t-elle avec une pointe de lassitude. Menacée par des factions armées, elle a dû fuir Kinshasa avec sa famille, en octobre. Depuis, elle vivote dans un petit appartement de Basmane, le quartier cosmopolite d’Izmir où convergent tous les exilés, avec pour seule perspective d’emploi des heures de ménage sous-payées. Cette formation pratique à l’électricité lui donne l’espoir de se bâtir une nouvelle vie, loin du conflit qui meurtrit son pays.

Soudure et vocabulaire turc

Ce matin, le programme est ardu : il s’agit d’apprendre à reconnaître tous les outils… et retenir leur nom en turc. Pince coupante, pince à dénuder, multimètre… Les stagiaires énumèrent chacune leur tour la longue liste de mots inscrits au tableau. En français puis en turc. Elles ont une semaine pour assimiler le vocabulaire et les techniques de soudure et câblage avant d’aborder l’ingénierie solaire et le travail en atelier.

Voilà trois ans qu’Imece (« Solidarité » en turc) a lancé ce programme Solar Age à destination des femmes réfugiées. Née au lendemain de la guerre de Syrie, cette petite ONG turque assurait des distributions alimentaires aux exilés syriens en attente de traversée vers la Grèce. La proximité des îles égéennes agissant comme un aimant auprès de ces candidats à la migration clandestine, ils étaient des milliers à se masser sur le littoral turc dans l’espoir de rejoindre l’Europe.

Anelka apprend à utiliser le multimètre. © Florence Quille / Reporterre

L’accord signé entre l’Union européenne et la Turquie en 2016 a mis fin à ce rêve. Désormais, les migrants qui abordent les côtes grecques devaient obtenir une autorisation administrative avant de…

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Auteur: Reporterre