Femmes rurales, nous ne laisserons pas la campagne aux hommes

Ce texte a été lu, au pied du tracteur, lors de la manifestation rennaise pour la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier. Il a été écrit par des femmes habitant en milieu rural, en Ille-et-Vilaine, en Loire atlantique, dans le Morbihan et en Mayenne — pour les contacter : [email protected] Elles sont engagées dans divers collectifs militants, dont la commission femmes de la Confédération paysanne et le réseau des Civam.


Nous voilà. Nous sommes là. Ici, avec vous, pour la première fois en tant que « nous », des femmes rurales et des paysannes. Nous vivons en campagne, nous bossons en campagne, et cela marque nos vécus et nos corps.

Dans cette période de fascisation très forte qu’attisent à bloc les joies de la campagne électorale, la ruralité est représentée par toute une partie du spectre politique (de gauche à droite) comme un espace immuable, terreau de traditions où il fait bon vivre. Et en effet, nous aimons vivre dans nos bourgs, nos hameaux, nos villages. Mais c’est une image bien tronquée de nos réalités, centrée sur les hommes, l’agriculture et la chasse qui est racontée, pas celle que nous vivons au quotidien.

Nous sommes 11 millions de femmes rurales. 30 % de la population française vit en campagne. 30 % de la population pour 47 % des féminicides ! La prévalence des violences intrafamiliales est donc plus élevée qu’en ville. Pour les victimes, c’est la double peine car elles sont plus isolées, moins protégées et avec moins encore qu’ailleurs d’associations ou de réseaux d’aide à proximité.

Les femmes du monde rural sont oubliées, invisibilisées. En tant que meufs, en ruralité, c’est encore plus compliqué qu’ailleurs de se déplacer, de taffer ou de ne pas taffer, d’avorter, d’accoucher, de vivre des sexualités non hétéronormatives. Sans compter ce que peuvent expérimenter les personnes racisées essayant de vivre dans la campagne française blanche, qu’elles l’aient choisi ou non.

Lola, éleveuse de brebis en Ardèche, en 2018. © Marie Astier/Reporterre

Alors bienvenues à toutes ! Bienvenues à toutes les femmes et meufs dans nos campagnes, bienvenue à tous les membres de la communauté LGBTQI+, bienvenue à toutes les personnes racisées, les handi et toutes celleux qui ont envie de faire bouger les normes en milieu rural. Dégenrons le monde agricole et rural. Ensemble dégenrons et dérangeons !

Des premières de corvée, nous en comptons beaucoup parmi nos rangs

Les jeunes filles et femmes qui restent en zone…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre