Francis Barraud. — « His Master’s Voice » (La voix de son maître), entre 1898 et 1899.
La DettePubliqueC’estMal est un feuilleton de combat ; une contribution littéraire à ce que Gramsci appellerait la guerre de position contre l’hégémonie néolibérale. Une affaire de persévérance obstinée, qui consiste à attaquer la répétition inlassable des évidences d’une société — la rengaine hégémonique d’une époque.
La glu des concaténations automatiques doit être attaquée comme telle. Et le type de déssillement qu’on peut lui opposer doit se jouer dans la matière problématique même : dans ce qui se répète sans plus être aperçu, dans les énoncés collés en bloc-sens, répercutés par la multitude des corps parlant-regardant-écoutant de tel ordre socio-politique.
C’est l’enjeu d’un art critique que d’entreprendre de telles opérations de révolution perceptives. De chercher la conversion du regard en travaillant précisément les formations signifiantes automatisées — car c’est la convergence culturelle qui invisibilise les rapports de domination. La langue commune (au sens large, signifiants comme régimes imaginaires véhiculés par le son et la vue) a un rôle clef dans le maintien d’une hégémonie. Elle réduit les mises en sens à une seule, celle du normal. Sans appareillage langagier et imaginaire, point de C’est comme ça.
Pour que s’opèrent des conversions du regard politique, il faut donc aussi perturber la courroie de distribution machinale du sens.
Non que le règne du capitalisme financiarisé soit intégralement une affaire de langage-imaginaire, évidemment, mais c’est bien la langue et son corrélat normatif qui ratifient l’existence et l’action de ses structures. S’il faut distinguer et défaire ces structures, il faut tout autant attaquer leur mécanique de validation. Sans le radotement collectif de catégories ad hoc, aucun ordre de domination ne saurait…
Auteur: Sandra Lucbert
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