Feux de forêt : les pilotes de Canadair méprisés par l'État

Nîmes (Gard), reportage

« Début mars, j’étais en intervention feu dans l’Ariège avec mon copilote. Il n’avait toujours pas reçu sa dernière prime de vol, alors qu’elle représente 65 % de notre salaire. Je lui ai demandé pourquoi il était encore avec moi aux commandes de notre Canadair », dit Stéphan Le Bars, secrétaire général du SNPNAC GASC (Syndicat national du personnel navigant de l’aéronautique civile du Groupement d’avions de la Sécurité civile). Le pilote, ancien militaire décoré de la Légion d’honneur, n’a pas le profil type du syndicaliste. Il a pourtant bel et bien engagé un bras de fer avec son « patron », le ministère de l’Intérieur.

« Le ministère donne l’impression que cela ne les concerne pas. » © Guy Pichard / Reporterre

Point d’orgue d’une exaspération généralisée qui dure depuis trois ans (à la suite du transfert d’une partie de l’administration de la base de Nîmes vers Paris), un préavis de grève pour le 1er juillet a été voté à l’unanimité et déposé le 9 mars par les quatre-vingt-huit pilotes de bombardiers d’eau de la base aérienne de Nîmes-Garons dans le Gard. En plus de cinquante ans d’existence, c’est une première dans l’histoire de la Sécurité civile — spécialisée dans les missions de sauvetage et la lutte contre les feux de forêt. Salaires en retard voire non versés, CDD à répétition ou encore primes de vol et indemnités repoussées plongent certains pilotes dans des difficultés financières. Alors que la première vague de chaleur de l’année est attendue cette semaine, avec son lot d’incendies, ces tourments pourraient avoir des conséquences sur le travail de ces pompiers — et sur leur sécurité.

Pierre Ferrer : « Il nous manque des hélicoptères et cela risque d’être pareil cet été. » © Guy Pichard / Reporterre

Face à cela, l’administration temporise ou les guide, par exemple, vers la Fondation Jean Moulin pour contracter des prêts à taux zéro. « L’un de nos jeunes possède une qualification A380 et il va partir car il ne supporte plus d’être payé à moitié de son salaire », déplore Stéphan Le Bars. Depuis 2017, vingt-sept pilotes sont partis vers d’autres cieux, plus stables. « Nous étions dix-huit instructeurs sur la base et nous avons tous renoncé symboliquement en avril à cette qualification pour montrer notre mécontentement. La direction générale de la Sécurité civile n’a même pas compris le message, le ministère donne l’impression que cela ne le…

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Auteur: Guy Pichard Reporterre