Fiché L comme Lafarge

L’entreprise Lafarge n’est plus. Engloutie par Holcim. Pour ne pas oublier la belle épopée de cette firme, nous publions ce bref hommage en trois dates. Histoire de mettre en perspective les menées de l’antiterrorisme français contre celles et ceux qui contestent l’empire bétonnier.

1833 : les frères Pavin de Lafarge, Léon puis Edouard, reprennent des fours à chaux au village du Theil, le long du Rhône en Ardèche. Aucun mérite, aucun travail, c’est un cadeau du patriarche, Auguste. C’est une famille de noblions : les Pavin viennent du poitevin et ne deviennent Lafarge qu’avec l’acquisition, en 1749, de la seigneurie Lafarge. Les deux rejetons sont nés au château, à quelques kilomètres des fours. Légitimistes convaincus et fervents partisans du comte de Chambord, ils sont écœurés par les journées révolutionnaires de juillet 1830. Voilà pourquoi ils quittent les villes et les administrations et reviennent au bercail. Dès le milieu de ce siècle, les ingénieurs des Ponts et Chaussées, le Génie Militaire et le Service Maritime – l’État, en somme – vantent et recommandent leurs produits qui servent les ports de Toulon, Marseille et Alger. Le Léon, polytechnicien passé au privé, aurait gardé de bonnes relations dans le public. Coup de bol géologique, leur chaux hydraulique est excellente, coup de bol géographique, les carrières sont en bordure du Rhône et la matière est facilement transportée vers la Méditerranée, coup de bol colonialiste, les ports du Maghreb constituent un marché particulièrement lucratif, Lafarge a des bureaux à Alger et Tunis avant Paris, coup de bol impérialiste, sa chaux est privilégiée pour constituer les blocs des digues de Port-Saïd, à l’extrémité nord du canal de Suez. Ces petits notables conservateurs, qui insistent sur leur ancrage dans un terroir, présents pendant des décennies au conseil départemental, jouissent pleinement de la mondialisation du…

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Auteur: dev