Fin des nitrites dans la charcuterie : le gouvernement prend son temps

Alimentation

C’est une avancée en demi-teinte. La proposition de loi « relative à la consommation de produits contenant des additifs nitrés » a été votée à l’unanimité en commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, mercredi 26 janvier.

Porté par le député du Modem Richard Ramos, ce texte vise à interdire progressivement les additifs nitrés, ou nitrites, dans la charcuterie. En effet, ils provoqueraient jusqu’à 4 000 cancers par an. Les professionnels assurent que ces additifs sont indispensables à la conservation des charcuteries, ce que conteste fortement M. Ramos et ses soutiens : fabriquer des charcuteries sûres et se conservant est tout à fait possible, à condition de faire évoluer les processus de fabrication.

« C’est une journée historique, la loi (…) reconnaît qu’un plan de sortie des nitrites dans la charcuterie doit être mis en place pour permettre aux consommateurs d’accéder à des produits de charcuterie plus sains pour leur santé », s’est réjouit M. Ramos dans un communiqué.

La Ligue contre le cancer, l’association Foodwatch et l’application nutritionnelle Yuka, qui demandent cette interdiction à ses côtés étaient moins enthousiastes. « On avance vers une interdiction mais le gouvernement y a mis son grain de sel et freine le calendrier législatif », constatent-elles. En effet, les amendements du gouvernement ont remodelé la loi, soumettant cette interdiction progressive à un avis de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation), que l’on attend encore.

Ainsi, après la promulgation de la loi, il faudra attendre six mois un rapport du gouvernement ; un an un décret fixant « une trajectoire de baisse de la dose maximale d’additifs nitrités » ; et un an et demi encore un décret pour fixer « un étiquetage spécifique pour les produits contenant [encore] des additifs nitrités », car des exceptions seront possibles. Ce dernier arriverait au mieux à la mi-2023, ont calculé les organisations.

Elles constatent donc certes « une avancée », mais « nous ne comprenons pas que l’on perde tant de temps. Il s’agit de cancers évitables, et tous les éléments sont déjà sur la table. Le rapport de l’Anses sera utile, mais ne devrait pas être une précondition à l’action politique », estiment-elles.

La proposition de loi devrait être votée par les députés réunis en séance le 3 février prochain.

? S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d’une…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre