Fomo & révolution

Selon certains spécialistes, notre rapport au monde toujours plus intensément connecté produirait une nouvelle forme de l’angoisse et de l’anxiété : le syndrome FOMO (de l’anglais fear of missing out). Dans cette « peur de rater quelque chose », un événement, une fête, une rencontre, notre chroniqueur Signé X voit un nouveau pivot de la subordination qui doit nous pousser à repenser la question même de la révolution et de la grève humaine.

Résister signifie étymologiquement « arrêter, tenir l’arrêt, ou s’arrêter. »

Giorgio Agamben

Pour les plus optimistes d’entre nous, une révolution est possible. La séquence politique que nous vivons ne semble pas vouloir se refermer : depuis 2016, des insurrections arrivent d’endroits toujours improbables, les révoltes se succèdent et les manifestations débordent. Chaque « mouvement social » aujourd’hui surprend par la vitesse à laquelle il passe d’une contestation républicaine à l’émeute ingouvernable. Nous avons vu le mouvement contre la réforme des retraites basculer en quelques semaines, par l’action de la jeunesse et des bases syndicales, en dehors des règles de la contestation classique. « La révolution » semble suivre le même chemin que toutes choses en ce début de siècle, celui de la dérégulation et de l’accélération.

Pendant les errances de mars dans les quartiers chic de Paris, entre deux manifs sauvages, les yeux rivés sur Twitter et Signal, la jeunesse révoltée ne parlait que de couper la tête du roi, de cramer des poubelles et du « fomo ». Acronyme de « Fear of missing out », le fomo désigne la peur de rater une opportunité. « T’as le fomo » quand tu rates une soirée trop bien à laquelle vont tous tes potes. Mais aussi quand t’es à Châtelet et que tu vois sur internet que la sauvage est à Saint-Lazare, quand t’arrives à Saint-Lazare et que tout brûle autour de Bastille. Bref, quand tu ressens…

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Auteur: dev