Fonder et conserver l’ordre

Fouille au corps. Carte d’identité. Fouille des sacs. Puis nous y voilà enfin. Passage par l’accueil pour vérifier le bon numéro de salle. Escalator. Salle d’audience du deuxième étage, « à côté de la chambre ou l’on juge les attentats de Charlie Hebdo » nous précise-t-on. Lundi après-midi, 9 Gilets jaunes passaient en comparution immédiate. Dans le même temps, les journalistes de cour annonçaient, sans broncher, 2500 manifestants lors du samedi 12 septembre marqué par la « rentrée du mouvement des Gilets jaunes ».

Comme des automates, ils poursuivaient et jetaient des mots les uns après les autres : « 2500 manifestants ont pris place près de l’avenue Wagram. Un nouveau samedi émaillé de violences. A noter qu’il y eu 250 interpellations et que 96 verbalisations ont été réalisées ». Sans broncher les journalistes les uns après les autres annoncent publiquement que 10% d’une population manifestante vient d’être arrêtée. Fonctionnement normal d’un champ journalistique amorphe où la règle principale est de jouer un jeu auquel seuls eux croient. Ce lundi 14 septembre plusieurs Gilets jaunes étaient là, venus soutenir leurs camarades. Nous y étions aussi pour documenter les mécanismes concrets du domaine d’exception qui caractérise les procès en comparution immédiate. Dans cette mesure nous espérons (si cela était nécessaire) décrire et laisser une trace de l’extension de l’état d’exception qui s’empare des mouvements sociaux, si bien qu’il est désormais impossible « de distinguer l’exception de la règle ». Il y aussi une nécessité politique à décrire ces audiences pour mieux être préparé à les affronter.

Ce qui compte c’est la question pas la réponse

Six des neuf prévenus, déférés au tribunal après plus de 24 heures de…

[Photo : Bernard Chevalier]

Auteur : lundimatin
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