Le plan de Donald Trump d’ajouter le bitcoin au bilan de la Réserve fédérale est sans précédent. Audace visionnaire ou pari risqué ? Côté audace : Trump. Côté prudence : la Réserve fédérale des États-Unis.
En mars 2025, Trump signe un décret exécutif (« executive order ») établissant une réserve stratégique de bitcoins. Il vise à reconnaître officiellement le bitcoin comme un actif de réserve. Il prévoit aussi d’inclure dans cette réserve d’autres cryptoactifs : l’éther, le XRP, le solana et le cardano. Ce qui avait alors fait grimper leur valeur sur les marchés. Concrètement, la banque centrale des États-Unis – la Réserve fédérale (communément nommée la Fed) – pourra utiliser la cryptomonnaie pour prêter à des banques ou pour intervenir sur le marché des changes.
Cette réserve sera initialement financée par les bitcoins que le gouvernement américain possède déjà, principalement issus de saisies judiciaires dans des affaires de cybercriminalité ou de blanchiment d’argent. Par exemple, en novembre 2021, le ministère de la justice a annoncé la saisie de plus de 50 676 bitcoins liés à des activités illégales sur le marché du Darknet, Silk Road. Plutôt que de les revendre, ces actifs sont conservés dans une logique de placement à long terme. Le décret de Trump demande également aux agences concernées d’explorer des moyens « budgétairement neutres » pour acquérir du bitcoin, c’est-à-dire sans coûts nouveaux pour les contribuables.
En positionnant le bitcoin comme de « l’or numérique », l’administration Trump présente cette mesure comme une innovation audacieuse. Ce pari suscite un scepticisme important de la part des banquiers centraux et des régulateurs. Ces derniers alertent sur les obstacles juridiques et les risques pour la stabilité financière. Dans cet article, nous examinons le pari de Trump sur le bitcoin, ainsi que la réponse des…
Auteur: Suwan Long, Assistant Professor, IÉSEG School of Management