L’actualité internationale de ces derniers mois n’est pas seulement caractérisée par le remue-ménage stratégique provoqué par la formation de l’Aukus face à la Chine, la remise en cause de l’opération Barkhane, les rodomontades de Moscou ou d’Ankara… Les questions mémorielles se sont invitées au point d’avoir acquises une acuité nouvelle, géopolitique. Les dernières déclarations du Président de la République au sujet de la « rente mémorielle » sur lequel serait fondé le régime algérien, tout comme la tenue du sommet Afrique-France de Montpellier avec un format inédit participent d’une volonté d’apurer un passif mémoriel altérant notre rapport au monde. La passe d’armes actuelle entre Paris et Alger montre combien les interactions mémorielles peuvent façonner les relations internationales.
DES MÉMOIRES QUI SE JOUENT DES FRONTIÈRES
Comme le sillage mémoriel de la Guerre d’Algérie le montre, la portée de ces débats va bien au-delà des espaces publics nationaux puisqu’ils concernent l’ensemble des sociétés qui se sont trouvées à un moment de leur histoire dominées par la France. Ce passé qui ne passe pas est jalonné de zones d’ombre qui hantent les mémoires, falsifient le récit national dans lequel de nombreux de de nos concitoyen.ne.s ne se reconnaissent pas, et affaiblit désormais l’influence française partout où git son passé colonial, son action s’y trouvant alors entachée d’arrière-pensées néocoloniales. Ce constat fondé sur les relations franco-algériennes vaut pour l’ensemble des ex-colonies françaises qui, jusqu’à une période récente, constituait ce qu’on a longtemps appelé le pré-carré africain de Paris ou françafrique.
Ce que la psychanalyse nomme retour du refoulé vaut pour les individus comme pour les sociétés, et contrairement à une idée reçue, le temps n’y fait rien. Par conséquent, à partir du moment qu’un nombre non négligeable de nos concitoyen.ne.s conserve une part de leur être ailleurs, en l’occurrence sur le continent africain, la politique extérieure ne peut faire fi de ces passifs mémoriels. Pratiquer le déni comme le préconise certains sur fond de poussée de fièvre identitaire accroit donc un mal qui fragmente toujours plus une société en panne de récit collectif.
Ces scories mémorielles ont donc bien des conséquences sur le plan international. Pour prendre un autre exemple, le Japon voit son retour à la puissance et son influence entravés par son passé impérialiste dont la Corée,…
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Auteur: William Leday