« France au revoir ». Étonnamment, cette expression, courante en Côte d’Ivoire comme au Burkina Faso, ne signifie pas que la France doit être « reconduite à la frontière », contrairement à ce que le contexte actuel pourrait laisser entendre au vu des diverses crises qui secouent le continent.
Non sans ironie, elle traduit le point de vue de ces objets que, à Ouagadougou comme à Abidjan (Côte d’Ivoire), on appelle ainsi : « France au revoir ». Comme si ces objets pouvaient parler et adresser une salutation cordiale à la nation française… tout en quittant son sol.
P.Fornasetti, Author provided (no reuse)
« Derrière l’eau »
Voitures, télévisions, réfrigérateurs, vêtements, radios, machines à laver, ordinateurs, batteries… Achetés ou récupérés par la diaspora ouest-africaine en Europe, ces biens traversent les mers par container, atteignent les marchés puis les maisons, d’Afrique de l’Ouest. Une nouvelle vie commence alors : celle du « France au revoir ».
Or, malgré ce nouveau nom, leur provenance n’est que rarement française. Ils peuvent venir d’Italie, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique… voire de Singapour. La référence à la France est métonymique, elle est là pour désigner l’Europe, l’Occident : cet espace que le parler populaire ivoirien nomme « derrière l’eau », ou Bengué en nouchi (l’argot d’Abidjan).
Mes interlocuteurs expliquent cette métonymie par le rôle que l’ancienne puissance coloniale a joué dans l’accès des Africains à certains produits. On pourrait alors penser que l’engouement ivoirien pour les « France au revoir » n’est que la trace d’un rapport de domination. On aurait tort. Cette idée n’a bien entendu pas manqué de circuler, notamment dans le sillage
La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Pietro Fornasetti, Anthropologue, chercheur associé à l’IMAF, Institut de recherche pour le développement (IRD)