France Inter doit cesser la diffusion de publicités climaticides

Stéphen Kerckhove est directeur général de l’association Agir pour l’environnement.


Le retour à « l’anormal » est pour le moins violent sur les ondes de « France IntAir »… Air Transat ou Air France s’offrent en effet sur les ondes de la radio publique du temps de cerveau disponible en diffusant de façon répétitive une invitation à brûler du kérosène et à rejeter du CO2.

Alors même que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) s’époumone à nous rappeler l’urgence de la situation — les second et troisième volets de son sixième rapport sont parus en février et avril derniers —, le cynisme climatique a repris ses droits. Les vacances approchent. Occasion rêvée de revenir à nos vieux démons d’avant-Covid.

Parce qu’ailleurs n’est jamais assez loin, les négationnistes de l’urgence climatique sont à l’œuvre. Matin, midi et soir, chaque auditeur est incité à prendre l’avion. Indirectement, ces campagnes publicitaires nous en apprennent beaucoup sur ce qu’est le capitalisme, véritable « destructivisme » versant dans un nihilisme décomplexé.

Notre maison brûle, et les publicitaires soufflent donc sur les braises de cette fuite en avant. Dans cette triangulation, chacun joue un rôle bien particulier. Que les acteurs du transport aérien cherchent à vendre du transport aérien n’a rien d’inconcevable ; que les publicitaires configurent des messages transformant l’esprit critique en cerveau disponible non plus ; mais qu’une radio comme France Inter puisse accueillir de telles campagnes publicitaires relève de la plus parfaite duplicité et en dit long sur le respect des auditeurs. Alors même que le groupe public « offre » des espaces publicitaires à des associations dans le cadre de son « engagement environnemental », le fait de diffuser « en même temps » des publicités climaticides est une insulte à l’intelligence des auditeurs.

Soit les responsables de France Inter estiment que les auditeurs ont une oreille gauche écologique et une oreille droite contre-climatique et que le mélange sonore ne s’opère jamais, soit l’engagement « durable » est conçu pour justifier les errements aériens de la radio.

L’avion énergivore et réservé à une élite

La crise sanitaire que nous venons de traverser est pourtant une occasion de renoncer aux impasses du capitalisme. Le transport aérien, largement responsable de cette pandémie en diffusant le virus rapidement et sur de longues distances, a fortement chuté…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre