France-Rwanda, à l'aune du « en même temps »

Au Sommet de financement des économies africaines, le 18 mai 2021. Photo cc Paul Kagame.

Le président français a indiqué, quelques jours avant ce déplacement, qu’il avait « à coeur » avec son homologue rwandais « d’écrire une nouvelle page » de la relation entre France et Rwanda, affirmant que les deux pays avaient « désormais de bonnes bases sur lesquelles créer une bonne relation ». Cette dynamique bilatérale — qui se double d’une offensive de charme à l’échelle continentale — est l’aboutissement d’un long processus, jalonné d’initiatives et de gestes symboliques :

• la communication, ces dernières semaines, d’un rapport établi grâce à une ouverture élargie des archives de l’État français, par une commission d’historiens non spécialistes du Rwanda ou de l’Afrique placée sous la direction du professeur Vincent Duclert : elle conclut, après examen de huit mille documents, à une« responsabilité écrasante de la France », sans pour autant aller jusqu’à l’accusation de « complicité », au grand dam des associations de défense de la cause rwandaise : des conclusions parallèles à celles du rapport Muse — sorti par des juristes américains à la demande de Kigali, au même moment que le rapport français — qui ont permis explique-t-on à l’Élysée « d’ouvrir un nouvel espace politique » ;

Pour une critique du rapport Duclert, une évocation des responsabilités belges et de « l’énigmatique silence » des Africains, voir le dossier du Monde diplomatique de mai 2021 : « Rwanda, lumières sur un génocide »

• le spectaculaire soutien à l’élection en 2018 de Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise, très proche de Paul Kagame, à la tête de l’Agence internationale de la francophonie (AIF) — bien qu’issue d’un régime qui avait instauré l’anglais comme langue officielle en 1995 ;

• l’appui au pôle judiciaire spécialisé dans les crimes contre l’humanité, et l’encouragement à rechercher, poursuivre, et au besoin condamner en France même les réfugiés rwandais qui auraient tenu un rôle actif dans le génocide des Tutsi rwandais (avec par exemple l’interpellation à la mi-mai, en banlieue parisienne, de Félicien Kabuga, un des principaux financiers du génocide, qui se cachait depuis vingt-six ans) ;

• l’abandon progressif de thèses controversées, comme le scénario judiciaire tendant à établir que l’attentat en mars 1994 contre le président…

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Auteur: Philippe Leymarie