France : un appel pour des états généraux de l'éducation — Philippe SCHMETZ

Le constat s’impose d’une politique scolaire incapable de rendre effective l’égalité de réussite qu’elle promet.

Au contraire, tout converge vers une croissance des inégalités : l’insuffisance des moyens du service public, un soutien à l’école privée qui ne cesse de réduire la mixité scolaire, l’appui aux start-up de l’éducation comme aux grands groupes internationaux pour développer des actions de soutien scolaire, d’orientation, d’accompagnement des apprentissages, la délégation de la formation professionnelle aux entreprises privées aux dépens des lycées professionnels publics.

Blanquer et l’éducation à plusieurs vitesses

Depuis mars dernier, Jean-Michel Blanquer a cherché à instrumentaliser la crise pour accélérer encore davantage ces orientations, laissant miroiter les vertus idéalisées d’une modernité numérique ou d’un transfert de l’action publique aux initiatives locales (2S2C).C’est bien l’école unique, laïque et gratuite qui est menacée et ses valeurs d’égalité d’accès aux savoirs et à la culture commune, au profit d’une éducation à plusieurs vitesses. En réduisant le service public à un service minimal, cette politique pousse les familles qui en ont les moyens à recourir à une multitude de services marchands, voire à inscrire leurs enfants dans des écoles privées. À quel prix – financier, mais aussi humain – ces enfants-là pourront-ils devenir les vainqueurs de la compétition scolaire ? Et quelle perspective pour les vaincus ?

Une volonté déterminée d’égalité

« Lire, écrire, compter, respecter autrui. » Le ministre promeut pour les enfants des classes populaires une école obligatoire réduite à quelques compétences jugées plus fondamentales que les autres, suffisantes pour occuper les emplois les moins qualifiés et les plus mal payés. De l’autre côté, la maîtrise des savoirs complexes réservés aux « premiers de cordée », dans une perspective utilitariste, selon les besoins des entreprises. Au nom de l’égalité des chances et de la promotion des facultés individuelles, l’accès aux hautes études ne concernera que quelques enfants des milieux populaires, perpétuant et renforçant ainsi les inégalités scolaires et sociales.

Nous affirmons au contraire que nous avons besoin d’une école publique, qui transmette à tous les élèves une culture commune, facteur de cohésion sociale, et qui permette à tous et toutes de s’approprier des savoirs complexes, considérés comme des biens communs, indispensables pour faire…

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Auteur: Philippe SCHMETZ Le grand soir