François Ruffin : « Le Pen ajoute au mépris de classe le mépris de race »

François Ruffin, député La France insoumise, vit à Amiens, dans la Somme. Journaliste, il est le fondateur et rédacteur en chef du journal Fakir et a réalisé le film Merci patron !

Écoutez François Ruffin dans Les Grands entretiens de Reporterre :



Reporterre — Tu es député, mais tu es aussi journaliste. C’est sous cette casquette qu’on se connaît depuis assez longtemps. Je vais donc te tutoyer dans cet entretien, alors que je vouvoie habituellement les responsables politiques. Que vas-tu faire le 24 avril ? Voter blanc ou voter Macron ?

François Ruffin — Quoi que je fasse dans l’isoloir, je n’en tirerai pas fierté. Je n’ai vraiment pas envie de l’étaler sur la place publique. Il y a cinq ans, j’écrivais à Macron une « Lettre ouverte à un pas encore président déjà haï ». Et je lui disais : « C’est sur cette base rikiki, sur cette légitimité fragile que vous comptez mener vos régressions à marche forcée ? Que ça passe ou ça casse ? Vous êtes haï, monsieur Macron, et je suis inquiet pour mon pays, moins pour ce dimanche soir que pour plus tard, pour dans cinq ans ou avant : que ça bascule vraiment, que la fracture sociale ne tourne au déchirement. Vous portez en vous la guerre sociale comme la nuée porte l’orage. » Il n’a pas entendu. On se retrouve avec une France qui aujourd’hui en a encore plus marre qu’il y a cinq ans. C’est une situation catastrophique.

Quant au « projet présidentiel » de Marine Le Pen, que j’ai lu de la première à la dernière ligne, il n’évoque pas les multinationales, les firmes, les actionnaires. Tout est concentré sur les « assistés » et les immigrés qui, dit-elle, font « le malheur de la France ». Dans l’entre deux tours, elle joue les petits contre les gros pour récupérer l’électorat de Mélenchon, ce qui n’était pas du tout dans son projet présidentiel. Sur la réforme des retraites, lors du débat à l’Assemblée nationale, elle n’a prononcé que cinq mots ! C’est tout ce qu’elle a dit en deux mois de débat. Et aujourd’hui, ce serait celle qui va prétendre être la défenseure des travailleurs, des retraités ? Non, c’est de la blague. Elle ajoute au mépris de classe le mépris de race. Mon vote n’ira évidemment pas à Marine Le Pen.

Que dis-tu aux gens qui te font confiance ?

J’essaie de leur dire ça. À Fakir, nous avons produit un dossier sur « l’autre candidate des riches ». Je jouais au foot à Pont-Rémy [dans la circonscription de la Somme dont Ruffin est…

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Auteur: Hervé Kempf Reporterre