Frédéric Lordon détricoté pour l’hiver

Un professeur montpelliérain de philosophie analyse les thèses de l’une des figures les plus en vue de la gauche radicale. Dans son dernier ouvrage paru, Benoit Bohy-Bunel montre en quoi Frédéric Lordon cultive l’illusion qu’un autre capitalisme est possible, plutôt qu’il n’œuvre à sa destruction 

Frédéric Lordon et Bernard Friot multiplient les réunions publiques, cet automne, en promotion de leur dernier ouvrage publié en commun (“En travail. Conversations sur le Communisme”). Par exemple, le 15 novembre dernier, leurs auditeur.ices garnissaient la grande salle de la Bourse du Travail à Paris. Depuis lors, nombreux.ses sont celleux qui se reportent sur YouTube, à l’écoute de l’intégrale des débats de ce soir-là. C’est dire comment un grand nombre de militants sincères, à la gauche de la gauche, sont aujourd’hui à la recherche d’une direction.

Direction ? Un mot qui est à prendre aux deux sens du terme. D’une part : la direction, comme le cap qu’on se fixe. D’autre part : la direction, comme la figure dirigeante capable de conduire le mouvement. Il y a là deux sens qui soulèvent maintes questions, à approfondir. On le ressent très clairement à l’écoute du dit débat du 15 novembre à la Bourse du Travail.

Sur une durée de deux heures et dix-huit minutes, sont notamment agitées les notions de classe révolutionnaire, ou encore les conditions et les limites d’un soulèvement populaire. Où l’on remarque que pas un instant n’est fait mention du mouvement des Gilets jaunes. Même sans chercher à mythifier ce mouvement, doit-on comprendre que son lot de questions nouvelles risquerait de perturber un certain néo-marxisme, finalement très installé. Ne s’intéressera-t-on qu’à un salariat non précarisé ?

Puis il faudra attendre l’intervention tardive d’un auditeur assez énervé dans la salle, pour se souvenir qu’il n’y a aucun sens à parler du statut que connaissent les travailleurs dans l’Hexagone, sans prendre en compte le contexte de l’impérialisme et de la division internationale du travail. De quoi faire avouer à l’un des deux orateurs que, c’est vrai, il s’est peu intéressé à cette question de l’impérialisme. Une paille ? N’embrassera-t-on qu’une perspective franco-française ?

Notre curiosité intellectuelle ainsi aiguisée, se trouve alors galvanisée par la lecture d’un tout autre ouvrage. Son titre sonne clair : “Contre Lordon.” De quoi secouer les débats. Voilà l’essentiel, pour qui cherche sa direction…

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Auteur: jules