Il n’y a d’existence sans écart ni dehors, le plus lointain qui fait lien avec le plus intérieur, et la distance entre des singularités plurielles ayant le désir du commun – son clinamen. À l’époque des surexpositions au pire, celle des indemnités qui se retournent contre elles-mêmes comme autant d’auto-immunités, un existentialisme radical s’allie à un communisme du lointain pour fêter, contre toutes les horreurs possibles, l’impossible qui les interrompt merveilleusement.
L’atopie propre à la pensée puisqu’elle n’a pas d’autre lieu que son dehors, ainsi la philosophie de Frédéric Neyrat dont on revisite ici les trajets à partir du point de capiton des concepts au nombre de treize, invite les terrien-ne-s que nous sommes à se redécouvrir aliens.
« Est-ce que je vous conseille l’amour du prochain ?
Plutôt encore je vous conseillerais la fuite du prochain et l’amour du lointain ! »
(Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et pour personne, 1883-1885)
« Vous êtes sur le vaisseau spatial Terre. Destination / inconnue »
(Sun Ra, « Calling Planet Earth », Destination Unknown, 1992)
1) La communauté a une hantise, son absoluité. La communauté absolue est le contraire de la communauté, qui se retourne sur elle-même en se retournant contre tout ce qui touche à son intégrité, qu’elle désintègre. Fantasme, fusion et pureté en sont les modalités indemnitaires, celles de l’un qui font la nique à l’autre qui est multiple. C’est l’organicisme caractéristique du fantasme communautaire absolu. La politique y a disparu au nom d’une unification qui fait la guerre à toute séparation et dont l’État est depuis la modernité l’appareillage privilégié, avec la Race avec quoi elle peut s’ajointer. Il n’y a pourtant de communauté, d’un commun partagé qu’à partir du moment où le lien est fissionnel, en intégrant la part de l’Autre au cœur…
Auteur: dev