Frédérique Vidal et la nécropolitique de l'université.

L’université est une proie politique. Qu’il s’agit de faire tomber. Pierre après pierre. L’histoire commence par le sous-financement chronique (8000 euros par étudiant, 2 fois moins qu’en prépa, 10 fois moins qu’à l’ENA) et l’assèchement, désormais classique et normatif, du nombre de postes de titulaires croisant l’explosion du recours à des personnels précaires à tous les niveaux, du personnel technique et administratif jusqu’à celui de l’enseignement et même de la recherche (et ses oxymoriques CDI de projet). 

Il s’agit ensuite de détacher l’université du bien commun. On a pour cela trouvé une parade que l’on appelle l’autonomie. L’autonomie des universités, initiée par Valérie Pécresse il y a déjà plus de 10 ans, c’est accepter qu’en France, 6ème puissance économique mondiale, au 21ème siècle, des universités soient placées « sous tutelle » tant leurs finances ont été asséchées et tant l’état n’a pas versé sa part (en termes techniques on parle ici – entre autres – du GVT). L’autonomie, c’est dire à ce qu’il y a de plus régalien, la formation de l’intelligence, de l’esprit critique, dire à celles et ceux demain qui feront et seront face au politique à chaque moment de leur vie citoyenne, c’est leur dire qu’il faut déjà qu’ils apprennent à se démerder seuls, dans ce cadre « autonome », détaché, isolé, à l’écart. Songer aujourd’hui qu’il s’est trouvé – et qu’il se trouve encore lors même qu’on en mesure chaque jour les dégâts – des universitaires pour se féliciter d’une autonomie vendue politiquement comme émancipation mais pensée comme une logique de l’effondrement, ne cesse d’étonner et de navrer. 

Parce que c’est son projet. On pourra alors ajouter à la dissolution de l’esprit universitaire le conditionnement de chacune de ses réflexions ou pratiques à la condition d’une formalisation « par projet ». Tout doit être projet, y compris les CDI (!), pour mieux empêcher de se projet – er. Le projet nécessite pour être visible d’être documenté administrativement. Alors les enseignants-chercheurs recherchent des financements par projet. Beaucoup d’entre elles et eux sont simplement devenus de kafkaïens scribouillards, et résignés aussi, sachant que de ces projets, à peine 15 à 20% se trouveront financés par les agences dites « d’évaluation ». Beaucoup d’autres ont cessé d’espérer. Et parfois de chercher, dans ces cadres mortifères en tout cas. 

Le dernier rempart. Maintenant que tout cela craque de partout, enseignement, recherche, financements, il reste à porter atteinte au…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid