Frères, sœurs : « Je découvrais chaque jour un nouveau membre de ma famille ! »

Longtemps, je n’ai pas éprouvé le besoin de savoir d’où je venais. C’est à 52 ans seulement que j’ai fait une demande officielle pour connaître mes origines. Je savais depuis l’âge de 13 ans que j’avais été adoptée petite dans un orphelinat de religieuses, au Liban. Mais jusque-là, l’idée ne m’avait pas effleurée. J’aimais beaucoup mes parents, ils m’ont choyée, gâtée. Mais après 50 ans, j’ai franchi un cap : ma mère – ma mère adoptive, mais pour moi c’est ma mère – était décédée.

Je n’ai pas dit à mon père que j’avais écrit au Liban. Il avait 94 ans et vivait dans un Ehpad, à côté de chez moi, à Mallemort, dans les Bouches-du-Rhône. Il avait un Alzheimer, et j’ai eu peur d’embrouiller les choses dans sa tête. Nous avons toujours été très complices tous les deux, je ne voulais pas lui faire du mal, il n’était pas assez bien pour comprendre. Peut-être que j’ai écrit pour ça, parce que mes parents étaient en train de s’effacer. Mais j’étais aussi curieuse de retrouver des personnes à qui je ressemblerais physiquement, une famille. Cela m’avait toujours manqué, de ne pas voir autour de moi des gens qui pouvaient être comme moi, avec le même visage, les mêmes traits.

On était en février 2015 quand l’orphelinat m’a répondu. J’ai trouvé dans ma boîte aux lettres une grande enveloppe du Liban, que j’ai ouverte en tremblant. J’avais un vrai nom, et mes parents naturels avaient laissé un mot à l’orphelinat. Ils expliquaient qu’ils étaient trop pauvres pour élever une fille comme moi, handicapée : j’ai un avant-bras en moins, et donc maintenant une prothèse. Je suis née comme ça. Ils écrivaient qu’ils avaient déjà une petite fille handicapée lourdement et des fils, et que c’était difficile pour eux de joindre les deux bouts.

C’est drôle, mais la première chose à laquelle j’ai pensé, c’est à ces petits frères et…

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Auteur: Isabelle de Gaulmyn