Frères, sœurs : « Je me suis émancipée de mon rôle de petite maman, ils ne me l’ont pas pardonné »

Dans ma famille, j’ai été très tôt investie du rôle de seconde maman. Je suis née au début des années 1960, dans un environnement conservateur. Une famille à l’ancienne. Il y avait mon père, pilote de ligne, l’homme qui faisait carrière et qui n’était pas très présent. Ma mère, femme au foyer, qui avait dû arrêter de travailler pour nous élever. Puis les enfants : moi l’aînée, et mes trois frères, Philippe, Frédéric et Baptiste*.

Dès qu’ils en avaient besoin, mes parents me demandaient de garder les garçons. L’un de mes premiers souvenirs remonte à la naissance de mon deuxième frère. J’avais 4 ans et papa m’avait demandé de surveiller Philippe, qui en avait 3. On jouait dans le jardin de la maternité et j’étais très heureuse. Je me sentais responsable et je me disais que j’allais devenir encore plus grande grâce à l’arrivée d’un second petit frère.

Pendant des années, j’ai été très fière de ce rôle de petite maman. J’y tenais d’autant plus que je cherchais à soulager ma mère. Nous vivions à la campagne, à 15 kilomètres de Fontainebleau, et nous étions très isolés. Elle, qui restait seule avec nous, avait souvent des sautes d’humeur : elle pouvait devenir tout à coup très triste ou très énervée. En rentrant de l’école, je ne savais jamais dans quel état j’allais la trouver. Alors, je voulais tout faire pour lui éviter d’être débordée. Parfois, je préparais les repas de mes frères, ou bien je les couchais.

J’avais des relations différentes avec chacun d’eux. Philippe était rebelle. Il ne voulait jamais m’écouter. Nous n’avons qu’un an d’écart, mais je le voyais comme un petit. Il était jaloux. Il me disait souvent : « Tu m’as pris ma place d’aîné ! » Avec mes deux autres frères, c’était plus facile. Frédéric, de quatre ans plus jeune que moi, était un enfant doux. J’adorais lui raconter des histoires. Baptiste,…

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Auteur: Élisa Brinai