Friperie du monde, le Ghana croule sous nos vêtements

Daniel Mawuli Quist n’a pas la langue dans sa poche. Cet élégant Ghanéen portant lunettes de soleil, petits diamants aux oreilles et mitaines noires dévoilant ses nombreuses bagues, est un entrepreneur du recyclage de vêtements. Il travaille au marché de Kantamanto à Accra, la capitale du pays, considéré comme la « poubelle des textiles du monde ». Accompagné d’une quinzaine de collègues et de la fondation Or, qui lutte contre les méfaits de l’industrie du textile dans ce pays, il est venu à Paris pour dénoncer les dérives de l’économie circulaire du textile.

En effet, sur l’ensemble des habits usagés envoyé au Ghana, près de 40 % finissent dans les décharges ou dans la mer. « Nous ne sommes pas ici de gaieté de cœur, mais pour réveiller les consciences et faire comprendre aux gens du Nord que leurs habitudes de consommation délétères ont des conséquences », explique à Reporterre Daniel Mawuli Quist.

« Les vêtements sont de trop mauvaise qualité »

Pour comprendre sa colère, il faut se plonger dans les bennes de collecte où l’on dépose nos vêtements. On croit leur donner une seconde vie. On imagine qu’ils seront à nouveau portés ou recyclés. Pourtant, 95 % sont exportés en Afrique pour être vendus sur des marchés comme celui de Kantamanto. Le Ghana est en effet l’un des principaux pays importateurs de vêtements de seconde main. Chaque jour, près de 15 millions d’articles se retrouvent sur le marché de Kantamanto, où travaillent près de 30 000 personnes. La plupart proviennent des États-Unis ou de la Corée du Sud ; la France, elle, y exporte 510 tonnes chaque année.

Mais la plupart des robes, pantalons ou T-shirts qui traversent la Méditerranée sont inexploitables, comme l’explique Kwaku Mensah, qui travaille au marché de Kantamanto. Il achète de grosses balles de vêtements importés pour revendre ceux encore en bon état. Un business qui n’est plus rentable. « On ne sait jamais ce qu’on va trouver à l’intérieur des balles. Parfois, 70 % de la marchandise est inutilisable et c’est de pire en pire », explique ce père de trois enfants.

À ses côtés, David Adams, dont la famille travaille dans le secteur depuis cinquante ans, constate amèrement la dégradation de la qualité des produits issus de la fast fashion. « Il y a une trentaine d’années, ce système a permis à des gens de sortir de la pauvreté. Aujourd’hui cela ne marche plus, les vêtements sont de trop mauvaise qualité. Nous avons tous des dettes à la banque. D’autant…

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Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre