From Safe Spaces to Hate Places, and return. Towards a Discriminatory Anthropology of Cyberspace.

Funambule.

Cet article est long. Très long. Du coup j’ai mis un titre pompeux et je l’ai mis en anglais (traduisible si vous insistez par « Des espaces sûrs aux lieux de haine, et retour. Vers une anthropologie discriminatoire du cyberespace ») pour dissuader un maximum d’entre vous de le lire. Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenu.e.s 😉

Préambule.

Je m’intéresse et travaille depuis de nombreuses années sur la question des discours de haine en ligne sur les grandes plateformes et, de manière plus générale, sur la question des discriminations techniques opérées par voies algorithmiques (ou par les programmes les mettant en place).  

Grâce – entre autres – au copain collègue voisin de bureau aka Marc Jahjah, je commence à peine à m’intéresser et à travailler sur la question de l’intersectionnalité, toujours sous l’angle technique des mesures, calculs et déterminismes algorithmiques permettant de la rendre opérante ou d’en désamorcer les effets. Le texte qui suit est la première trace de ces rencontres épistémologiques fécondes (enfin pour moi en tout cas hein :-).

Argument.

Je pars dans cet article de l’état de l’art déjà établi sur la question de l’automatisation des inégalités. A l’aide de trois ouvrages majeurs que sont celui de  Safiya Umoja Noble (Algorithms Of Oppression, 2018), celui de Cathy O’Neil (Weapons of Math Destruction, 2016) et bien sûr celui de Virginia Eubanks (Automating Inequality, 2018) dont Hubert Guillaud donne une remarquable et très complète recension

L’automatisation des inégalités dans les espaces informationnels numériques étant posée (et sans pour autant nier la capacité d’émancipation offerte par certains de ces espaces techniques dans certains contextes, nous y reviendrons également), se pose la question de la manière dont les victimes de ces inégalités, qui n’ont souvent d’autre choix que d’être présents dans ces espaces pour accéder à certains services ou à certaines formes de sociabilités, vont, lorsqu’elles appartiennent à des minorités stigmatisées politiquement, socialement ou culturellement, pouvoir y déployer des stratégies de mise à l’abri, y bâtir des espaces leur permettant d’y cheminer avec leurs propres questionnements et leurs propres militances, y trouver des espaces sûrs et rassurants. Nous verrons que la définition et le périmètre de ces espaces sûrs numériques sont multi-factoriels mais qu’il est cependant possible de commencer à tracer et à isoler quelques invariants dans leurs constitutions comme dans leurs…

La suite est à lire sur: www.affordance.info
Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid