« Front » populaire contre « Rassemblement » national : un renversement par la charge sémantique des mots

À l’issue des élections européennes, qui ont vues la nette victoire du Rassemblement national, et la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, les partis de gauche ont acté la mise en place d’un « front populaire » pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.

Aujourd’hui, il semble y avoir une inversion des termes qui orientent l’interprétation de l’offre politique : à travers la manière dont ils se désignent, le RN pourrait être vu comme un parti de propositions alors que les formations qui avaient constituées la Nupes seraient perçues comme un ensemble d’opposition.

Pour préciser cela, interrogeons-nous sur ce que nous apprend cette dénomination de « front populaire » dans le contexte de ces élections ? En quoi diffère-t-il du « front républicain » que l’on a pu connaître en 2022 particulièrement actif dans les années 1990 à 2010. Dans le discours politique, le terme « république » a un usage ritualisé qui donne au concept une valeur «  quasi religieuse  »“.

On remarquera aussi qu’à l’inverse de ce mouvement relatif aux fronts (républicain puis populaire), le Front national a préalablement choisi de changer de nom, pour devenir un Rassemblement.

Certes, les raisons de ce changement sont en partie historiques (en lien avec l’héritage de Jean-Marie Le Pen), mais il s’agit aussi d’une stratégie d’ouverture, en plus de celle de dédiabolisation.

Finalement, avec ce renversement des dénominations, ne serait-on pas face à un enjeu plus important : du FN au RN, on passe du FN contestataire au RN rassembleur. En effet, tant qu’il se nommait « Front », le FN véhiculait une image d’opposition, et de positionnement face à quelque chose de préalable : en devenant le « Rassemblement », il cherche à prendre une dimension pro-active, qui ne se définit pas au regard d’un tiers.

Si le Front populaire fait…

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Auteur: Julien Longhi, Professeur des universités en sciences du langage, AGORA/IDHN, CY Cergy Paris Université