A propos de Capitalisme et esclavage d’Eric Williams, de la biographie de Paul Robeson par Gérald Horne et de Blues et féminisme noir d’Angela Davis.
He’ll soon be returning and glad tidings he will bringThen I’ll throw my arms around him, then begin to singGertrude Ma Rainey
Les éditions Présence Africaine ont réédité en 2020 l’ouvrage devenu classique d’Eric Williams, historien né à la Trinité : Capitalisme et esclavage. Au travers d’une étude rigoureusement documentée qui marqua durablement l’historiographie de la traite, il démontre que « l’esclavage des nègres », depuis le XVIe siècle jusqu’à son abrogation au XIXe siècle, a répondu à une rationalisation économique, celle d’un capitalisme émergeant d’abord sous la forme d’un mercantilisme avant de prendre au XIXe siècle une forme industrielle. Tant que l’esclavage était un rouage du système économique, il était légitime aux yeux des propriétaires de plantations, des marchands d’esclaves, des gouvernements et des églises : « Les mercantilistes prétendaient que le meilleur moyen de réduire les frais de production et d’entrer, par ce fait, en concurrence avec les autres nations, était de payer des bas salaires pour des travaux qu’une nombreuse population s’efforçait d’assurer » (p. 37). On était alors esclavagiste d’une main, fondateurs de maisons de bienfaisance de l’autre. Et l’abrogation progressive, de la traite d’abord, puis de l’esclavage proprement dit, n’a pas été principalement le résultat d’une prise de conscience éthique mais d’une transformation économique, le libre-échange et le salariat détrônant les monopoles qui assuraient jusqu’alors la prospérité des commerçants de Bristol ou de Liverpool et des propriétaires coloniaux : « L’attaque fut menée en trois phases : on s’en prit d’abord au commerce des esclaves, ensuite à l’esclavage, et finalement aux préférences douanières consenties au sucre » (p. 242). Mais la révolution industrielle aura entretemps pris son essor grâce aux capitaux engrangés par les marchands d’esclaves. En témoigne le symbole de cette révolution : la machine à vapeur. Son développement supposait, en amont, une accumulation primitive : « Le capital nécessaire à la création des industries métallurgiques venait en partie du commerce triangulaire, par la voie la plus directe. Il finança par exemple James Watt et la machine à vapeur » (p. 186).
Le livre de Williams est certes par endroit lacunaire, concernant…
La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin