Fusion TF1/M6 avortée : les regrets de François Lenglet

Sans doute pour devancer une (inévitable) accusation de conflits d’intérêts, François Lenglet joue cartes sur table : « Je tiens à préciser d’abord que je travaille pour les deux entreprises, et TF1 et RTL, qui appartient à M6, [ce] qui peut me mettre en situation d’être juge et partie ». On ne le lui fait pas dire. Si François Lenglet s’autorise à commenter l’échec de la fusion, c’est uniquement en raison de son autorité auto-attribuée d’expert… autoproclamé ! Tout en modestie : « Si je parle de ce rapprochement, c’est parce que ça fait trente ans que je chronique l’actualité économique et que cet échec m’en rappelle plusieurs autres similaires. »

Si on devine qu’il va regretter l’échec du projet de ses employeurs, reste à découvrir la puissance de son argumentaire :

Voilà trente ans que les autorités de la concurrence européennes ou nationales bloquent, parfois, la construction de champions nationaux, de facto au bénéfice des américains ou des chinois […] À chaque fois, comme pour TF1 et M6, l’argument est le même : il faut protéger le consommateur contre des entreprises trop puissantes qui pourraient abuser de leur position dominante en montant les prix. Le problème, c’est qu’elle fait fi de la souveraineté européenne ou française. À ne pas laisser grandir les acteurs locaux, on encourage les concurrents étrangers par exemple […] Aujourd’hui, les chaînes classiques font face à une concurrence bien plus large que naguère avec l’arrivée des Netflix, Amazon ou Youtube, filiale de Google […] Ces fameux Gafa américains ont des moyens considérables pour investir dans la production audiovisuelle, bien plus importants que les acteurs européens. D’où l’intérêt d’une fusion pour peser davantage sur un marché considérablement élargi par l’arrivée de ces monstres. L’autorité de la concurrence n’a préféré ne considérer que le marché des bonnes vieilles chaînes de télé classiques et françaises sur lequel l’ensemble TF1 et M6 aurait en effet été dominants face aux annonceurs.

Bref, pour lutter contre les trusts, une seule solution : en créer d’autres !

Un plaidoyer qui ressemble à s’y méprendre aux éléments de langage développés par les partisans de la fusion, au premier rang desquels son employeur Martin Bouygues, devant la commission sénatoriale sur la concentration dans les médias le 18 février 2022 :

L’arrivée d’acteurs de taille planétaire que sont les Gafam change tout. Sans même parler d’Amazon,…

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Auteur: Denis Perais Acrimed