G20, sommet de la rivalité sino-américaine ?

Réuni à Bali les 14-16 novembre derniers, le sommet du G20 s’est déroulé sous le double signe de la guerre en Ukraine et du face-à-face sino-américain.

Tenu en l’absence de Vladimir Poutine, officiellement pour une question d’agenda trop chargé, mais en présence de Xi Jinping, peu après le XXᵉ Congrès du Parti communiste chinois où il a encore renforcé son emprise sur son pays, et de Joe Biden, quelques jours après des midterms moins négatives que prévu pour le Parti démocrate, ce sommet très attendu aura été un concentré des dynamiques internationales en cours sur la planète.

Le G20, un sommet des puissants

Le G20, cénacle où les États les plus puissants du système international se retrouvent annuellement, est souvent décrit comme une rencontre « en vain », tant le multilatéralisme est aujourd’hui en difficulté.

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Pour autant, ce moment est l’occasion pour les dirigeants d’organiser des réunions bilatérales importantes tout en participant pleinement au cadre multilatéral et d’affirmer leurs positions sur les grandes questions internationales (sécurité, changement climatique, migrations, économie et finance ou encore développement).

Ce forum international regroupe dix-neuf États et l’Union européenne. Les chefs d’État et de gouvernement, mais aussi les présidents des banques centrales et les ministres des Finances en composent l’agenda.

Il semble important de rappeler ce que représente le G20. Les pays membres pèsent 80 à 85 % du PIB mondial, 75 % du commerce international et 60 % de la population de la planète. La majeure partie des problématiques internationales y sont donc abordées, et des décisions majeures peuvent y être prises.

L’édition de 2022 aura toutefois été dominée, plus que jamais, par le tête-à-tête entre les deux plus grandes puissances actuelles, la guerre en Ukraine et le ralentissement économique mondial.

Rencontre Xi-Biden : un G2 à l’intérieur du G20 ?

En amont du sommet, Joe Biden et Xi Jinping se sont rencontrés pendant trois heures.

Ce déplacement a été la deuxième visite hors de Chine de Xi Jinping depuis le début de l’épidémie de Covid-19, après sa participation au sommet de l’OCS en septembre (Ouzbékistan) et la visite d’État au Kazakhstan qu’il a effectuée dans la foulée.

Au lendemain du 20e Congrès du PCC, qui a entériné dans la durée le pouvoir de Xi en Chine, malgré des difficultés tous azimuts (ralentissement économique fort, chômage, dettes, vieillissement, etc.), le sommet a été l’occasion pour Pékin d’affirmer l’étendue de son influence dans son environnement régional et d’y disputer le leadership américain – et cela, d’autant plus qu’il a eu lieu en Asie.

L’entrevue Biden-Xi aura probablement été le principal enjeu international de ce sommet. Jamais encore Joe Biden n’avait rencontré Xi Jinping depuis son accession à la présidence des États-Unis début 2021. Les deux hommes ont affiché une forme de décontraction, malgré les tensions, et assuré avoir abordé toutes les grandes questions structurant les relations internationales et la relation bilatérale : péninsule coréenne et sécurité, Taïwan, Xinjiang, droits de l’homme, questions commerciales et technologiques ou encore la cybersécurité.

Voilà déjà des années que certains observateurs évoquent un monde régi par un « G2 », les États-Unis et la Chine sa partageant en quelque sorte le contrôle des affaires internationales. La réalité, plus nuancée, montre que si ces deux acteurs se trouvent bien au cœur des équilibres du monde, on constate également une affirmation des émergents d’une part et l’impact majeur des réalités géoéconomiques d’autre part.

L’Indonésie, l’Inde, une partie du Moyen-Orient et d’autres pays encore profitent des sommets du G20 pour faire entendre leur voix, favorisant une désoccidentalisation progressive des affaires internationales. Ces « Tiers-Voix » évitent de choisir de façon définitive entre Pékin et Washington (avec difficulté), et s’efforcent de jouer leur propre partition.

Les dirigeants des pays du G20 dans le parc forestier de mangrove Tahura Ngurah Rai à Bali, le…

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Auteur: Emmanuel Véron, Enseignant-chercheur – Ecole navale, Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)