G4S dans les eaux troubles du « marché de la peur »

Défilé d’agents de sécurité de G4s avec des chiens habillés, au Cameroun en 2019.

Quel avenir pour les filiales africaines de la multinationale britannique G4S, numéro un mondial de la sécurité avec plus de 570 000 employés opérant dans 90 pays ? La question mérite d’être posée. Dirigée par le Sud-Africain Ashley Almanza, G4S, présente dans 29 pays du continent est aussi son premier employeur privé : 119 000 personnes selon son site officiel… Sur place, on peut croiser ses vigiles au logo noir et rouge aux entrées d’ambassade, aux grilles d’exploitation minière, devant les malls et les aéroports internationaux. Pour les ruraux partis tenter leur chance en ville, travailler dans le gardiennage est un marche-pied ; obtenir un emploi chez G4S, accéder à la Ligue 1 des entreprises opérant sur le marché de l’insécurité. Or depuis le printemps, G4S a été la cible d’une offre publiques d’achat (OPA) de son concurrent américain Allied universal, pour 3,8 milliards de livres sterling (environ 4,5 milliards d’euros). Ce qui soulève beaucoup d’interrogations, au delà de la constitution d’un nouveau géant mondial de la sécurité. « Les conditions de travail vont elles enfin s’améliorer ou au contraire, se durcir ? », s’interroge par exemple depuis Abidjan le « général » Marius Ouraga, secrétaire général du Synas-CI, le syndicat national des agents de sécurité de Côte d’Ivoire. « La seule différence qui existe entre G4S Côte d’Ivoire et les autres compagnies de sécurité privées présentes ici, expliquait il au printemps dernier, c’est que le salaire tombe tous les mois. Sinon, cela frise l’esclavage sans que cela ne dise son nom. J’ai laissé vingt-deux ans de ma vie chez G4S, et au bout de vingt-deux ans je suis sorti zéro zéro ». Depuis, le syndicaliste qui s’est rendu auprès d’employés de G4S engagés en Tunisie, au Kenya, et en Afrique du Sud a constaté « les mêmes pressions côté conditions de travail ».

Lire aussi Rémi Carayol &

Laurent Gagnol, « Ces murs de sable qui surgissent au Sahara », Le Monde diplomatique, octobre 2021.

En Côte d’Ivoire, la filiale locale de G4S, qui emploie 6000 vigiles et gardes, est la première entreprise d’un secteur de la sécurité privée recensant plus de 75 000 personnes. C’est un univers « peu considéré et très concurrentiel, où tout tourne autour de la compétitivité des prix et donc le salaire des gardiens » souligne Enzo…

La suite est à lire sur: blog.mondediplo.net
Auteur: Jean-Christophe Servant