Après deux jours de spéculations interminables sur l’identité du futur Premier ministre – « 18 heures de vide », résume Arrêt sur images, « le néant » pour Samuel Gontier (Télérama) –, les médias ont eu, enfin, leur délivrance : Gabriel Attal. Mais le feuilleton journalistique ne faisait alors… que commencer.
Le journalisme de cour en ébullition
Aussitôt sa nomination, portraits et anecdotes se multiplient dans la totalité des médias. Tous les ingrédients de la starification journalistique sont réunis et comme de coutume, information, originalité et pluralisme ne sont pas de la partie. Dans les magazines télé, les bulletins radio, aux « 20h » et sur les chaînes de commentaire en continu, des extraits vidéo de son enfance sont diffusées et toutes les rédactions s’arrachent deux mêmes archives. Le passage à l’émission « Un monde, six jeunes » diffusée par France 2 en octobre 2011 – où l’on entend certains jeunes dire « Moi je voterai pour lui » ou « Gaby président ! » – attise le commentaire forcément affûté d’historiens-journalistes et de Brut (9/01) au Progrès (10/01), nourrit la course au clic. Quant à la « touchante première télé du premier ministre » (CNews, 9/01) figurant le petit Attal pendant un cours de théâtre, elle va naturellement droit au cœur des grandes rédactions parisiennes : de France 2 à BFM-TV, l’archive est un incontournable des « reportages » retraçant le parcours de Gabriel Attal. Dans l’émission « C à vous » (France 5, 9/01), qui ne manque évidemment pas de se joindre à la fête, Pierre Lescure résume à son corps défendant l’autohypnose des journalistes politiques au moment d’introduire la vidéo en question : « À chaque nomination d’un nouveau ou d’une nouvelle Premier ministre, on cherche sa première apparition publique. »
Information politique ou presse people ? La distinction n’est pas toujours…
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Auteur: Adrien Pourageaud, Pauline Perrenot