Gabrielle Chanel : la self-made-woman n’est pas un homme comme les autres

Peu de femmes ont jusqu’à présent créé des empires entrepreneuriaux et encore moins celles qui sont parti de rien. Gabrielle Chanel fait partie de ces exceptions et, si sa marque est reconnue, son esprit entrepreneurial est rarement célébré en France. Pourquoi ? Et si elle était née américaine, l’aurait-elle été dans son pays ? Rien n’en est moins sûr car si le mythe du self-made-man est présent, celui de self-made-woman reste à parfaire.

La recherche en entrepreneuriat rappelle très souvent que, pour créer une entreprise durable et prospère, il faut des fonds. Cette opération est donc surtout réservée aux personnes, les hommes en particulier, issus des familles bourgeoises qui soit ont une bonne mise de départ, soit ont suffisamment de capital social pour convaincre les amis et relations qui en ont. Ces relations sont souvent des relations familiales, éventuellement des relations que l’entrepreneur lui-même se crée durant ses études. Les travaux universitaires sur le sujet montrent que le fait même de faire les (bonnes) études est aussi lié au capital social d’origine (Le Loarne – Lemaire, 2014). Rien d’étonnant donc si l’entrepreneur est souvent fils ou filles d’entrepreneurs.

L’archétype de la self-made-woman

Dans ce contexte avéré dans presque tous les contextes, un mythe, associé à un pays, se crée : celui du self-made-man. Le chercheur James Catano le décrit comme un homme, blanc certes, qui œuvre aux États-Unis d’Amérique – le pays où tout est possible selon le storytelling en vigueur – peut-être immigré – mais pas de n’importe quel pays – et qui, à partir de rien va être amené à créer un empire économique. On lui attribue une période de naissance, la seconde moitié du XIXe siècle, ainsi qu’un père, Horacio Alger, journaliste, auteur de plusieurs ouvrages sur des hommes qui incarnent ce rôle comme, par exemple, Andrew Carnegie.



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Auteur: Séverine Le Loarne-Lemaire, Professor, Head of the FERE Research Chair (Female Entrepreneurship for a Renewed Economy) Habilitée à diriger des recherches en sciences de gestion, Grenoble École de Management (GEM)