Gaël Giraud : « Nous allons vers la catastrophe totale »

Adulé par une partie de la gauche, exécré par les néolibéraux, qualifié d’“inclassable” par plusieurs médias, l’économiste Gaël Giraud dresse un bilan sans concession de la réponse gouvernementale à une crise économique qu’il qualifie d’inédite : “C’est une crise de l’offre et de la demande. De l’offre parce qu’on a arrêté l’appareil productif et de la demande car les gens se sont calfeutrés chez eux et ne consomment plus. C’est la première fois depuis au moins un demi-siècle.” Le directeur de recherche au CNRS et président de l’Institut Rousseau est catégorique : le gouvernement ne prend absolument pas les mesures nécessaires pour remédier à cette situation. “Je crois que ce gouvernement s’en fiche pour deux raisons, déjà sa cote de popularité ne faiblit pas, et c’est lié au fait que faire peur aux gens ça bénéficie au pouvoir en place (…) La deuxième raison c’est que les marchés boursiers n’ont jamais été aussi hauts qu’aujourd’hui. L’économie s’écroule et la bourse explose. Comme la bourse est la boussole principale de ce gouvernement, ils s’en fichent. Les Français peuvent mourir, être au chômage, ce n’est pas grave.”

Si le ministre de l’économie Bruno Le Maire se targue d’un plan de relance à 100 milliards d’euros, celui-ci ne trouve pas grâce aux yeux de Gaël Giraud. L’économiste qui est aussi prêtre jésuite estime que c’est toute la conception du rôle de l’État qu’il faudrait remettre en cause : Il faut commencer par se débarrasser de l’analogie entre la gestion d’un ménage et la gestion d’un État ou d’un pays. Dans un ménage, un bon père de famille ne consomme pas trop, il épargne, met de côté pour des jours meilleurs ou pour le jour où il y aura une catastrophe. Le gouvernement pas du tout, le gouvernement a un rôle de lissage des cycles économiques (…) Il a un rôle actif à jouer, ce qui n’est pas du tout la vision des trois B, Bercy, Bruxelles et Berlin, qui ont une vision très néolibérale (…) ils croient que moins l’État agit, mieux on se porte.

Piège déflationniste

À vouloir à tout prix éviter l’inflation, les décideurs tombent selon Gaël Giraud dans une “trappe déflationniste”, trop peu connue et pourtant périlleuse : “La déflation, c’est le piège dans lequel l’Europe est tombée dans les années trente et dont nous ne sommes sortis que “grâce” à la Seconde Guerre mondiale. Le Japon est tombé dedans depuis plus de 25 ans et ne s’en sort pas,…

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Auteur: Blast info