« Gagner ou mourir » : des Mexicains luttent contre les multinationales

Tehuantepec (Mexique), reportage

Kilomètre après kilomètre, la forêt luxuriante de l’isthme de Tehuantepec s’efface pour laisser place à des centaines d’éoliennes surplombant les pâturages. Les oiseaux s’amusent à virevolter autour des pales, les frôlant de près. Dans les champs voisins, le bétail continue de brouter l’herbe sèche. Ici, la tranquillité de la vie paysanne est entrée en contradiction avec les projets industriels.

Cette étendue de terre large de 200 kilomètres est située entre les États d’Oaxaca et de Veracruz, au Mexique. C’est l’endroit le plus étroit du pays. Du nord au sud, l’isthme de Tehuantepec — une grande bande de terre entre deux eaux — rejoint l’océan Atlantique au Pacifique. Véritable eldorado, la région regorge de trésors naturels : vent, pétrole, ressource en bois, activité minière, elle se targue aussi d’une biodiversité remarquable. Au fil du temps, ces richesses naturelles ont attiré un bon nombre de multinationales, en grande partie étrangères. Il faut dire que cette contrée est l’une des plus venteuses au monde, idéale pour l’implantation d’éoliennes. Depuis 2004, vingt-neuf parcs éoliens ont été installés sur plus de 32 000 hectares.

Dans l’isthme de Tehuantepec, environ 2 000 éoliennes tournoient en permanence dans les champs des communautés. À coups de contrats déloyaux que les agriculteurs peinent à comprendre — la plupart d’entre eux sont analphabètes ou ne parlent pas espagnol —, les entreprises ont imposé leur loi, louant les terrains pour une bouchée de pain et promettant de développer les villes.

De par sa proximité avec la frontière guatémaltèque, l’isthme est également une zone géographique stratégique pour le passage des marchandises. Ainsi, depuis la décennie 1990 et la signature de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena), elle connaît un développement industriel, minier et marchand. Ces bouleversements ont apporté leurs lots de conflits avec les communautés locales, pour la plupart indigènes.

« L’isthme est à nous »

Impuissantes, les populations Binnizá, Huaves, Ikoots, Mixe et Chontal observent leur quotidien et le paysage se transformer d’année en année. De ces changements sont nées de nombreuses assemblées communautaires. Elles œuvrent à informer les habitants des projets en cours dans l’isthme, ainsi que leurs conséquences. L’Assemblée des peuples de l’isthme en défense de la terre et du territoire (APIDTT), située à Juchitán de Zaragoza, est l’une d’entre elles. Fondée par Bettina Cruz, activiste, et par son époux Rodrigo Flores Peñaloza, professeur en biologie, l’APIDTT est présente sur tout le territoire.

« Dès 2007, nous avons…

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Auteur: Itzel Marie Diaz Reporterre