Gauche : de la colère au découragement ?

Les paroles de la chanson d’Anne Sylvestre Les Gens qui doutent (« J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer »), qui me trottent souvent dans la tête, sont devenues un vrai tohu-bohu car, à se balancer, mon cœur me donne la nausée. Serais-je la seule à passer de la colère au découragement impuissant ? Serais-je la seule à me sentir dessaisie de mes certitudes ? Serais-je la seule à me méfier du vocabulaire et à brider mes mots, de peur qu’ils mettent le feu aux poudres ? Je suis désaxée, au sens propre du terme, désemparée, naviguant à vue selon les haut-le-cœur et les révoltes, comme la majorité des silencieux et silencieuses déboussolé·es. Où sont passées mes convictions chevillées au corps qui me propulsent sans détour et sans plus attendre dans un camp contre l’autre ?


Sur le même sujet : Antisémitisme à gauche : du début du XXe siècle à nos jours, un mythe et des réalités

Ces questions ne valent qu’en raison d’un partage beaucoup plus large de cette lancinante inquiétude parmi les militant·es de gauche : soit on est qualifié·es d’antisémites parce qu’on critique la politique fascisante de Netanyahou, soit on est taxé·es de soutien aux terroristes du Hamas si on a l’audace de soulever la question palestinienne. Sidération : c’est la première fois que je suis sommée de dire et de prouver que je ne suis pas antisémite, alors que mon soutien à la Palestine (à ne pas confondre avec le Hamas) m’a valu l’épithète d’islamogauchiste. Pourtant, des voix autorisées, y compris en Israël, ne mâchent pas leurs mots. Dans sa lettre de démission du 23 octobre 2023, Craig Mokhiber, directeur du bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme,…

La suite est à lire sur: www.politis.fr
Auteur: Rose-Marie Lagrave