Gayfriendly – ou Comment repenser l'acceptation de l'homosexualité à gauche


Fin 2012 : en France des centaines de milliers de personnes manifestent contre le projet de légalisation du mariage des couples de même sexe, finalement votée en 2013. À cette époque, je suis à New York, où ce mouvement dit de la « Manif pour tous » étonne, et écorne la réputation de progressisme sexuel dont bénéficie la France outre-Atlantique. Dans le cadre de mon enquête, je rencontre de nombreux habitants de Brooklyn comme Isabelle, lesbienne de 38 ans, Française comme moi mais installée de façon permanente à New York. Elle habite dans le quartier de Park Slope, dans sa partie sud encore en voie de gentrification où sa femme et elle ont acheté un appartement. Je lui demande si elle a déjà été confrontée à des insultes, à de la violence et elle me répond :

« Non. Jamais à New York. Je vais te dire la seule fois, c’étaient des gens qui se sont moqués de nous, “ah les deux lesbiennes à côté”, et c’étaient des Français dans un restaurant ! J’ai rien dit et j’aurais pu dire, ‘franchement je comprends ce que vous dites’, c’est pas très sympa. Ils ne disaient rien de bien méchant, mais quand les gens se foutent de ta gueule et que tu es à côté, c’est pas très agréable. Mais c’est la seule chose, sinon rien. Mais c’est l’indifférence générale ici. »

Cette réponse pourrait signer la fin de l’interrogation que semble annoncer ce livre : l’acceptation de l’homosexualité est-elle plus avancée à Paris ou à New York ? La banalisation qui règne dans la célèbre ville étasunienne, les droits qui ont été conquis, et plus encore l’ardente célébration d’une certaine gayfriendliness contrastent, non seulement avec le mouvement réactionnaire de la Manif pour tous de 2012-2013, mais aussi avec les hésitations plus grandes, le moindre enthousiasme et la moindre institutionnalisation dont la cause des gays et des lesbiennes fait l’objet de l’autre côté de…

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Auteur: Sylvie Tissot