Si l’on devait illustrer la fameuse formule de Camus « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », il n’y aurait pas plus terrible exemple que Gaza. Trois mots au moins méritent d’être interrogés pour oser nommer la réalité effroyable à laquelle nous assistons : terrorisme, colonialisme, génocide. Depuis le 7 octobre, toute prise de parole à propos du conflit israélo-palestinien doit être précédée d’un droit de passage sémantique. Il faut qualifier le Hamas de « terroriste ». On est là dans l’ordre du constat. Mais ce mot, irréfutable, a fini par saturer l’espace public, et s’en tenir là pour solde de toute analyse, comme nous y invitent le discours officiel israélien et bien des médias français, nous enferme dans un contresens historique.
Si « terrorisme » est le juste mot pour qualifier le Hamas, il ne peut devenir le concept explicatif global du conflit.
« Terrorisme » ne peut pas être le dernier mot de l’histoire. La « guerre au Hamas » est, qu’on le veuille ou non, une séquence du conflit israélo-palestinien. Tout est fait pour qu’on l’oublie. On dit « Hamas » et on entend « Daech ». C’est effacer la part peu glorieuse que Netanyahou a prise dans l’histoire de ce mouvement en l’instrumentalisant pour briser l’OLP, quand la centrale présidée par Arafat militait pour une solution à deux États. Si « terrorisme » est le juste mot pour qualifier le Hamas et son action barbare, il ne peut devenir le concept explicatif global du conflit, au risque de sombrer dans l’irrationnel, l’essentialisation et, pour finir, dans le racisme.
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Auteur: Denis Sieffert