Gaza : tout sauf une guerre – la Chronique de Joseph Andras

Nous accueillons régulièrement l’écrivain Joseph Andras pour une chronique d’actualité qui affûte nos armes et donne du style à nos frustrations.

Il y a, là-bas, les épurateurs ethniques ; il y a, ici, leurs associés. Nous savons tout d’eux : les premiers épurent à visage découvert et les seconds assurent le suivi dans nos grands médias.Là-bas, ça rase les villes, affame les civils, démembre les gosses, torture en langue française, roule sur les corps et jette les cadavres aux chiens. Ici, ça prononce des mots comme « guerre », « terrorisme » ou « droit de se défendre ». Or les mots sont des armes quand les armes parlent.

« Guerre »

La guerre n’existe pas. On ment volontiers, dans ces médias-là, mais on a rarement autant menti qu’en titrant « Guerre Hamas-Israël ». Tout un tas de mots existent pourtant pour désigner ce qui est : un « anéantissement », un « nettoyage ethnique », un « “risque réel et imminent” de génocide » (Cour internationale de Justice). Le vice-président de Médecins du monde a, ce 2 avril, fait cas d’une « intention génocidaire ». Mais « guerre », assurément non. Ou bien prenons collectivement acte de la disparition du langage articulé. Car si l’on tient encore quelque peu à ces affaires de signifiants, de signifiés, rien ne ressemble moins à la rupture d’une quelconque paix par deux entités en conflit armé que ce qui a cours sous nos yeux. Un territoire sans armée nationale, sous blocus, qui compte le plus haut taux de chômage du monde, est ravagé par un État armé par la première puissance mondiale et doté d’une arme nucléaire allouée par la France. « La nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe », a fait savoir une rapporteuse spéciale des…

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Auteur: Joseph Andras