Gaza, une catastrophe humanitaire avérée

Un fallacieux débat sur la qualification de la situation nutritionnelle à Gaza retarde encore l’adoption des décisions politiques qui pourraient aboutir à un arrêt effectif des hostilités. Fallacieux, car il suscite des discussions sur la définition même de la famine, alors que la définition donnée par l’Integrated Food Security Phase Classification (IPC), outil développé en 2004 par le Programme alimentaire mondial (PAM), l’UNICEF, la FAO et diverses ONG (dont ACF, CARE et Oxfam) vaut référence internationale.

En tout état de cause, la question n’est pas de savoir si existe une famine – et selon quelle définition –, mais si sont en place les mécanismes qui « fabriquent » une dramatique pénurie alimentaire. Or cela ne fait aucun doute quand on lit les rapports des organisations internationales ou quand on observe les scènes désespérées de personnes se précipitant, dans le chaos et la violence, au-devant des points de distribution de vivres encore opérants.

Rappelons que les quatre piliers de la sécurité alimentaire sont :

  • la disponibilité des denrées alimentaires (le fait que les aliments soient présents sur le territoire) ;

  • l’accès de la population à ces denrées (le fait que les gens puissent effectivement recevoir et consommer ces aliments) ;

  • la bonne utilisation de ces aliments (liée aux bonnes pratiques de préparation et de diversité du régime alimentaire) ;

  • la stabilité de ces trois piliers dans le temps. Aujourd’hui, à Gaza, aucun de ces principes n’est respecté.

La disponibilité des denrées alimentaires est réduite

La production locale de nourriture, les importations commerciales, les stocks et les aides extérieures sont tous réduits ou anéantis. Le système alimentaire et les chaînes de valeur de l’agriculture se sont effondrés ou survivent de façon marginale grâce au marché informel. Une grande partie des terres et infrastructures agricoles, y compris les…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Pierre Micheletti, Responsable du diplôme «Santé — Solidarité — Précarité» à la Faculté de médecine de Grenoble, Université Grenoble Alpes (UGA)