Gazer, mutiler, soumettre : “Le néolibéralisme est une course vers l’autoritarisme”

Dans Gazer, mutiler, soumettre : politique de l’arme non-létale, paru aux éditions La Fabrique, Paul Rocher développe autour d’une “théorie de l’arme” non-létale, une vision à la fois historique et systémique de la violence d’État, en revenant sur l’évolution technologique de ces armements, présentés comme moins dangereux et allant dans le sens d’un maintien de l’ordre plus humain, à l’ère où les violences policières explosent, avec leurs lots de blessés et de mutilés.

Si le mouvement des Gilets jaunes a été l’exemple le plus frappant ces dernières années du renforcement autoritaire de l’État, l’auteur rappelle que l’organisation de la gestion sociale autour de la répression n’est toutefois pas nouvelle, et émet le postulat que l’accroissement de la violence d’État, à travers la recherche d’une plus grande efficacité politique de la technologie de l’armement, s’inscrit pleinement dans l’histoire du capitalisme, et dans la volonté d’hégémonie néolibérale propre à l’époque actuelle.

Alors que le débat public autour des violences policières a beaucoup patiné autour de la question doctrinale du maintien de l’ordre, les angles très pertinents choisis par Paul Rocher – et qui doivent sans doute beaucoup à son approche d’économiste, diplômé en sciences politiques – ont le mérite de dresser un portrait large des violences d’État par le prisme d’une société prise dans son ensemble, en faisant le lien entre les facettes technologiques, économiques, sociales et politiques du maintien de l’ordre. La Mule s’est entretenue avec l’auteur.

Ton livre débute sur une mise en situation, de ce que nous sommes aujourd’hui nombreux et nombreuses à avoir vécu en France : une scène de chaos lors d’une manifestation dispersée par la police. Tu énumères alors brièvement des situations vécues lors du mouvement des Gilets jaunes et qui démontrent une brutalisation du maintien de l’ordre. En tant qu’économiste, diplômé en sciences politiques, comment et pourquoi t’es-tu tourné vers cette question ? Quelle est l’évolution personnelle qui t’a amené à t’en saisir ?

En tant qu’économiste, j’observe les différentes réformes de libéralisation, et je m’intéresse à leur réception par les populations. On n’a pas pu manquer ces dernières années que les manifestations se multiplient et sont souvent accompagnées de violences policières. Qui dit violences policières, est assez vite amené à s’interroger sur l’outil qui…

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Auteur: Jude