Gender Studies et études filmiques

Cet article part d’un constat déroutant : celui de l’écart grandissant depuis une bonne vingtaine d’années entre la France et les pays de culture anglo-saxonne, dans deux domaines qui se sont développés, en particulier dans les études filmiques, de façon exponentielle “ chez eux ” et quasiment pas “ chez nous ”, les cultural studies et les gender studies. Avant même de tenter de comprendre le pourquoi de cet écart, il nous faut constater l’absence de termes français pour désigner ces deux champs de recherche, ce qui, bien sûr, n’est pas le fruit du hasard. Leur constitution dans les années soixante et soixante-dix, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, puis dans les autres pays de culture anglo-saxonne, s’est faite dans un contexte politique de contestation du savoir académique, à partir d’une critique de la culture patriarcale et élitiste qui n’aura pas d’équivalent sous cette forme en France, même si, paradoxalement, ce sont en partie des textes de théoricien(ne)s français(e)s qui ont été utilisés comme soubassement à l’émergence de ces nouvelles disciplines .

Les études filmiques françaises sont toujours imperméables aux approches gender, alors même que les études anglo-américaines en ont fait leur cheval de bataille. Elles restent encore aujourd’hui en France, dans le pays qui a “ inventé ” la cinéphilie et le cinéma “ d’auteur ”, le domaine le moins connu et le moins reconnu. Peut-être y a-t-il justement un lien étroit entre la légitimité culturelle à laquelle a accédé le cinéma dans notre pays, et la résistance des études filmiques françaises aux approches socioculturelles, dont relèvent les gender studies.

La cinéphilie : une pratique théorique sexuée

La cinéphilie se construit en France dès les années vingt avec Louis Delluc, Jean Epstein et leurs amis, comme un regard cultivé sur le cinéma qui, à l’époque, est encore un divertissement populaire…

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Auteur: Geneviève Sellier