Gestion des déchets : en Côte d’Ivoire, l’immense potentiel de l’économie circulaire

En 2018, la Banque mondiale présentait une image contrastée de la Côte d’Ivoire, soulignant à la fois sa solide croissance économique et sa forte exposition aux dérèglements climatiques. L’importante déforestation dont le pays fait l’objet n’est en effet pas sans conséquences sur ses émissions de gaz à effet de serre et sa production agricole, avec des perturbations des saisons qui affectent l’agriculture.

Ce constat a incité les autorités ivoiriennes à fixer des objectifs dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. La Côte d’Ivoire s’est ainsi engagée à réduire de 28 % ses émissions de gaz à effet de serre (d’ici à 2030) et à augmenter substantiellement la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique (de 42 % d’ici à 2030).

Pour atteindre ces objectifs, elle a listé des actions à mener, dont font partie la gestion durable et la valorisation des déchets. Une dimension d’autant plus importante que les Ivoiriens produisent en moyenne 0,64 kg de déchets par habitant par jour, soit bien davantage que dans le reste de l’Afrique subsaharienne où la moyenne s’élève à 0,46 kg par jour.

Dans son rapport de 2018 sur les déchets, la Banque mondiale indiquait, qu’en moyenne, chaque Terrien produisait 0,74 kg de déchets par jour. Une moyenne qui cache évidemment de fortes disparités : en Amérique du Nord, elle atteind par exemple plus de 2 kilos par habitant.

Au regard de la croissance de la quantité des déchets municipaux, qui devrait augmenter de 70 % d’ici à 2050, le modèle de l’économie circulaire apparaît comme une solution. La Côte d’Ivoire et l’Ouganda se penchent donc sur ce modèle, défini par le Parlement européen comme un mode de production et de consommation qui consiste à partager, louer, réutiliser, réparer, remettre à neuf et recycler le plus longtemps possible les matériaux et produits existants.

Une filière « traitement des déchets » à inventer

Depuis 1960, la politique de gestion des déchets mise en œuvre par les divers maîtres d’ouvrage n’a pas prévu une filière propre au traitement de déchets. Pendant une quarantaine d’années, les déchets étaient simplement acheminés vers un centre de transfert et des centres de groupage. Ces centres de groupage et de transfert ne sont pas de vrais centres de traitement de déchets. Ils permettent uniquement de regrouper ceux-ci en grande masse par zone géographique de production, avant de les acheminer vers leur lieu de décharge et/ou valorisation.

Si la forte croissance de la population (de 3,6 en 1960 à 27 millions en 2021) et l’urbanisation rapide de la Côte d’Ivoire ont engendré une hausse conséquente de la production, celle-ci n’a pas été suivie d’une progression des quantités collectées. Sur les 280 tonnes de déchets plastiques produites chaque jour à Abidjan, seuls 5 % sont recyclées.

Le reste est destiné en général aux décharges situées dans les quartiers pauvres. Forte source de pollution, ces déchets aggravent les problèmes liés à l’assainissement. À noter que la mauvaise gestion des déchets est à l’origine de 60 % des cas de paludisme, de diarrhée et de pneumonie chez les enfants.

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Des avancées légales

Outre les déchets organiques des ménages, les déchets automobiles ne cessent d’augmenter. L’importation incontrôlée de véhicules d’occasion et leur utilisation constituent engendrent une pollution et une production de déchets conséquentes. D’autant plus que la vente des véhicules d’occasion est une spécialité des villes portuaires ouest-africaines (Côte d’Ivoire, Bénin, Togo).

Une récente réglementation mise en place par les autorités ivoiriennes sur la limitation de l’âge des véhicules d’occasion vise justement à réduire cet impact de pollution.

De même, l’introduction d’une redevance sur les importations de produits électriques et électroniques neufs ou de seconde main en état de marche suivant le « principe pollueur-payeur » et le « principe de la responsabilité étendue du producteur » constituerait une avancée pour la réduction des déchets.

Un potentiel important

Les possibilités concrètes en matière d’économie circulaire sont nombreuses.

Les…

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Auteur: Noukignon Kone-Silue, Economiste – RSE, EM Normandie