Gilles Deleuze et Félix Guattari. Une philosophie des devenirs révolutionnaires

« On pourrait simplement dire ceci. Deleuze et Guattari se sont rencontrés après Mai 68 et ils ont écrit en vingt ans une œuvre de philosophie politique qui n’a guère d’équivalent depuis Marx et Engels. Parce que cette œuvre est une analyse en prise étroite sur la conjoncture, mesurant l’importance des nouvelles subjectivités qui émergent après-guerre, des mouvements révolutionnaires qu’elles forment à la fin des années 1960 et des réactions contre-révolutionnaires qui les répriment. Mais aussi parce que cette œuvre est une philosophie qui a une prétention universelle, dont les concepts remplissent une fonction inactuelle, celle de saisir dans chaque présent historique ce qui recèle une puissance d’avenir et de devenir. »

Ce sont les premières lignes de l’excellent petit bouquin d’Igor Krtolica. Excellent en ce qu’il synthétise très bien, et sait mettre à la portée de tout un chacun l’essentiel des résultats de la collaboration si féconde entre Deleuze et Guattari.

Ils ont écrit quatre livres ensemble : les deux volumes de Capitalisme et Schizophrénie  : L’Anti-Œdipe (1972, rééd. 1973) et Mille Plateaux (1980), Kafka. Pour une littérature mineure (1975) et Qu’est-ce que la philosophie ? (1991). L’auteur s’appuie également sur les œuvres de Deleuze seul « en lien avec Guattari », et vice versa, listées dans une brève bibliographie commentée en fin d’ouvrage.

Cette œuvre commune, dit-il dans son introduction, n’aurait sans doute pas été possible si tous deux n’avaient pas vécu Mai 68 comme un événement décisif, et n’avaient conçu l’activité philosophique comme une clinique. La clinique désigne la médecine qui se fait au chevet du malade. Elle est un art qui consiste moins en l’application de règles scientifiques générales qu’en une analyse de symptômes chaque fois singuliers. On peut en distinguer trois aspects complémentaires : le diagnostic…

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Auteur: dev