God save our royal defence

Buckingham Palace, Londres, 10 septembre 2022.

Dix jours d’une incroyable débauche d’uniformes surannés, d’armes et symboles d’un autre siècle, de poitrines surchargées de décorations. D’interminables cortèges et veillées « têtes basses » en Écosse et à Londres ; des princes qui défilent au pas cadencé… ledit « Royaume-Uni » est bien le champion incontesté des coutumes princières, des étiquettes guindées, des baptêmes, mariages, couronnements, obsèques offertes en spectacle à une opinion britannique jamais rassasiée. Et finalement à la planète entière, sidérée mais en partie conquise par cette représentation quasi hollywoodienne d’un pouvoir qui n’en est pas un, officiellement même si, dans son faste, dans son histoire, la saga familiale des Windsor se révèle un outil précieux au service de la « Global Britain » prônée ces dernières années par Boris Johnson, comme par Liz Truss qui lui a succédé, pour donner un débouché géopolitique à leur Brexit.

Lire aussi Agnès Alexandre-Collier &

David Fée, « L’Angleterre est-elle toujours britannique ? », Le Monde diplomatique, mai 2022.

En ce sens, la famille royale, surtout dans son apparat historico-militaire, est un vecteur de mondialisation plus efficace sans doute que bien des accords commerciaux, et même que l’ambitieuse feuille de route signée par l’ex-premier ministre Johnson le 16 mars 2021 : « Global Britain in a competitive age », prévoyant des investissements supplémentaires dans l’arsenal nucléaire du Royaume-Uni (qui passera de 180 à 260 ogives), les capacités de guerre électronique, les drones, la défense de l’espace et la cyberdéfense, tout en prônant une réduction des effectifs d’environ 10 000 hommes au sein de l’armée de terre, et moins de chars, mais plus de navires et de forces spéciales.

Relais zélé

Sous le coup du Brexit comme du conflit ukrainien — où Londres se tient en première ligne, en relais zélé du gouvernement américain — la traditionnelle compétition, justement, qui préside aux relations avec la France depuis plus d’un siècle (sous le vocable « d’entente cordiale »), est passée au second plan. On se souvient de la « trahison », en septembre 2021, de Londres (et de Washington ainsi que de Canberra) dans la dénonciation du contrat pour la vente de sous-marins qui liait la France à l’Australie. On semblait revenu au temps des « best ennemies ».

Lire aussi Philippe Leymarie, « 

La suite est à lire sur: blog.mondediplo.net
Auteur: Philippe Leymarie