Comment faire face à l’indicible de la solution finale mise en œuvre pour effacer de la terre de Palestine la ville de Gaza ? Pour Gaza, aujourd’hui, en cet été 2025, reste-t-il encore quelque chose à dire ? Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a à penser rien d’autre que Gaza.
L’enfance grandit en moi
jour après jour
Mahmoud Darwish
Nous le savons : la catastrophe (Nakba) ne date pas d’aujourd’hui, elle ne commence pas avec le génocide actuellement en cours, son histoire dure depuis des décennies, et pourtant quelque chose s’est passé ces deux dernières années, une nouvelle fracture s’est produite dans le tourbillon de la violence contre les Palestiniens. C’est difficile à penser, mais de toute évidence il peut y avoir, jusque dans les plis de la catastrophe, une aggravation, jusqu’à atteindre une équation apparemment sans issue : être Palestinien signifie être exterminé. Ce n’est pas tout : ce qui est en train de se passer à Gaza révèle que le monde peut tolérer les massacres, peut nier, si ce n’est à quelques exceptions près, le principe de réalité : la réalité de la solution finale palestinienne. Ainsi, s’il est vrai, comme l’écrivait Gilles Deleuze dans Grandeur de Yasser Arafat (1983), que « la cause palestinienne est d’abord l’ensemble des injustices que ce peuple a subies et ne cesse de subir », il est tout aussi vrai que la décision d’Israël d’effacer Gaza, de laisser des gens affamés se faire trucider dans leur recherche d’un morceau de pain, provoque une lacération plus profonde, un traumatisme sans issue, un saut dans l’apocalypse (en réalité, dès 1983, Deleuze voyait le génocide du peuple palestinien et la véritable intention d’Israël : « faire le vide dans le territoire palestinien »).
Comment être à la hauteur de la destruction totale ? Comment ne pas faire de la douleur de Gaza un chapitre de notre culture ? Comment ne…
Auteur: dev