Grandeur et décadence du droit du sol

Périodiquement, dans la vie politique française, on réinvente l’eau chaude du « sentiment national », du « besoin de transcendance » patriotique et du « souverainisme de gauche », opposée aux froides et indésirables abstractions que seraient la conscience de classe, de race ou de genre, les luttes sociales qui les cristallisent, et les acquis qu’on leur doit. Afin, bien entendu de « ne pas laisser à l’extrême droite » le « monopole » de cette précieuse denrée politique. Malgré ses quarante années et cinquante nuances de République au compteur, ce coup mille fois tenté et mille fois foiré ne cesse de renaître de ses cendres, jusque dans des cénacles de gauche ou « révolutionnaires ». Le livre de Sarah Mazouz est donc bienvenu : en passant la notion au crible de la science sociale, il nous rappelle que la nation est une construction historique, que ses formes sont variables, et que sa fétichisation n’est jamais de bon augure. En une petite heure de lecture, il nous livre quelques rappels salutaires sur l’histoire structurellement oublieuse des constructions nationales, et sur les différents modes d’inclusion et d’exclusion dans la « nationalité ». L’extrait qui suit est précisément consacré au droit du sol, à sa valeur politique inestimable, et à ses ennemis, aujourd’hui plus acharnés et enragés que jamais.


Au départ, il n’allait pas de soi que la Troisième République étende le principe du droit du sol à la naissance simple sur le territoire français. D’abord, le droit du sol est lié à l’histoire monarchique. En France, il est introduit par François 1er en 1515 et même si la Révolution française le réaffirme dans la Constitution de 1791, alors que Napoléon Bonaparte le supprime en 1804, il est vu par nombre de républicains comme un principe exprimant une conception féodale qui lie l’homme à la terre. Qu’il soit perçu comme emblématique du Royaume de…

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Auteur: Sarah Mazouz