Greenpeace contre Air France : le procès annulé pour détention illégale des activistes

Paris, reportage

« Où est-ce que je les ai retrouvés ? En pleurs, dans les geôles du tribunal, infestées par les punaises de lit et les excréments, sans même une couverture pour dormir. » Les paroles de l’avocat de la défense, Me Alexandre Faro, ont résonné dans la salle terne. « Monsieur le Président, cette rétention était illégale, je vous demande donc de constater que vous n’êtes pas saisi. » Neuf activistes de Greenpeace étaient jugés, jeudi 4 novembre, au tribunal judiciaire de Bobigny. Huit mois plus tôt, ils avaient fait irruption sur le tarmac de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle et avaient partiellement repeint en vert un Boeing 777 de la compagnie Air France. Poursuivis pour dégradation de bien d’autrui en réunion et trouble au fonctionnement d’installations à usage aéronautique, les militants encouraient pour chaque motif une peine de cinq ans d’emprisonnement et plusieurs milliers d’euros d’amende. À la surprise générale, les accusés ont eu le droit de repartir libres, après à peine une heure d’audience, la défense ayant soulevé une série de vices de forme.

Le cortège à l’entrée du tribunal. © Emmanuel Clévenot/Reporterre

Quelques minutes avant l’audience, de l’autre côté du périphérique, Sarah Fayolle tentait de motiver la petite centaine de personnes venues soutenir les prévenus. Enveloppée dans son épais manteau, micro à la main, la militante de l’association est revenue sur les raisons qui ont poussé ses camarades à mener cette action de désobéissance civile : « Le gouvernement ne prend pas ses responsabilités sur la question de la régulation du trafic aérien. Emmanuel Macron ne jure que par l’avion vert. Il le voit comme une solution miracle, alors que les meilleurs scientifiques ont démontré que ça ne suffirait pas. Il faut aussi et en priorité réduire le trafic si l’on veut remettre le secteur aérien sur les rails de l’Accord de Paris. » Aux alentours de 9 h, escortée par les policiers, les yeux plissés face à la bruine, la troupe a traversé la passerelle bleue pour s’en aller rejoindre les bancs de la salle d’audience.

Des activistes repeignent un avion en vert à l’aéroport de Roissy

Une rétention illégale plombe la défense du procureur

Assise sur des chaises pliantes installées pour l’occasion, la cohorte de prévenus s’est levée d’un geste, à l’arrivée des trois juges. La grande pièce sombre était entourée de colonnes en béton. Après examen de l’identité des accusés, le Président…

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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre