Quarante jours durant, la rédaction du Journal Du Dimanche, plus communément appelé « JDD », a fait grève. Chaque non-parution se serait traduit par 500 000 euros de perte pour la société éditrice du journal sans que cela n’ait semblé ébranler le choix de nommer une nouvelle direction, à l’origine d’un mouvement à la durée inédite dans le monde des médias français. Le 23 juin, Arnaud Lagardère, dont le groupe de médias a été racheté à 58 % par Vivendi et son actionnaire majoritaire Vincent Bolloré, annonçait la nomination de Geoffroy Lejeune, réputé d’extrême droite, comme directeur de la rédaction. Celui-ci a pris ses fonctions le 1er août.
Au-delà de tout aspect idéologique, c’est la rationalité économique de l’opération que nous souhaitons ici interroger et un mécanisme en particulier, celui de l’intégration fiscale. Avec la grève, la perte apparente d’argent n’exclut pas qu’elle se matérialise par une réduction d’impôt par une logique des vases communicants. Cela explique en partie pourquoi, au cours de pareils mouvements, les chances des salariés d’obtenir gain de cause sont fiscalement très réduites. Au moment où une proposition de loi sur l’indépendance des rédactions a été déposée au Parlement et où des États généraux de l’information doivent s’ouvrir en septembre, il y a là, sans doute, matière à réflexion.
Une grève qui ne coûte pas si cher
Le régime de l’intégration fiscale répond aux problèmes particuliers des groupes de société. Juridiquement un groupe de société n’existe pas comme entité : chaque entreprise reste indépendante juridiquement. Il en résulte qu’un même bénéfice risque d’être taxé deux fois : une fois au niveau de la filiale et une seconde lorsqu’ils « remontent » vers la…
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Auteur: Jacques Amar, Maître de conférences HDR en droit privé, CR2D, Université Dauphine-PSL, docteur en sociologie, Université Paris Dauphine – PSL